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la Chine avait été ardemment combattue, était aussi le ministre le plus visé parce qu’il était le partisan le plus résolu du gouvernement parlementaire selon le type anglais et de la responsabilité ministérielle devant les Chambres. Pour ne pas gêner l’action du comte Okuma, il suivit dans la retraite le vicomte Oura, M. Wakatsuki et l’amiral Yashiro, tout en restant sincèrement attaché à la personne du chef aimé et respecté sous les ordres duquel il avait servi. C’est dans le remaniement partiel qui eut lieu alors que le vicomte Ishii, ambassadeur du Japon à Paris, devint ministre des Affaires étrangères, tandis que l’amiral Kato, MM. Ichiki, Taketomi, Minoura, recevaient les portefeuilles respectifs de la Marine, de l’Intérieur, des Finances et des Communications. Le Cabinet Okuma, affaibli sans doute par la perte de quelques-uns de ses membres les plus distingués, mais allégé et moins exposé pour le moment aux entreprises d’irréconciliables adversaires, allait pouvoir se consacrer entièrement aux efforts qu’exigeait le devoir d’assistance aux Alliés combattant sur tous les fronts de l’Europe. Il allait aussi présider à la célébration de la grande cérémonie rituelle qu’avaient retardée pendant plus de deux ans les deuils successifs de la Cour, à savoir le couronnement à Kyoto du nouvel Empereur.

La Chine, pendant ce temps, je veux dire le président Yuan che kai, s’abandonnait à un dessein ou plutôt à une illusion étrange et qui risquait de compromettre l’œuvre si laborieusement édifiée depuis la fin de 1911. Le président Yuan, se croyant délivré de ses ennemis et affranchi de tout obstacle, s’imaginait pouvoir reconstituer par degrés à son profit le pouvoir personnel et jusqu’au régime même auquel il avait contribué à mettre fin. Ce politicien si avisé, ce mandarin si souple et qui avait su avec tant d’art ménager les transitions entre la révolution et la dynastie de façon à en dégager une république viable, défaisait maintenant tout ce travail et reprenait à rebours les étapes parcourues. Après avoir congédié le Parlement et les assemblées provinciales, fermé les sociétés politiques et les clubs, aboli la constitution de 1912, il s’était prêté à l’élaboration d’une constitution dans laquelle la présidence élective de la République, transformée en présidence à vie, puis en présidence héréditaire, n’avait pour contrepoids, au lieu des anciennes Chambres, qu’un Conseil politique, purement