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prendre toutes mesures propres à assurer la protection et la défense de ces intérêts et de ces droits.

De telles dispositions rendaient vaine d’avance toute tentative qui pourrait être faite dans l’avenir pour séparer les deux Puissances désormais alliées et décidées à ne plus être dupes de la politique de duplicité si longtemps pratiquée par l’Allemagne. Elles donnaient au rapprochement russo-japonais un caractère et un rang égal à celui de l’alliance anglo-japonaise et faisaient de cette union avec la Russie et l’Angleterre, comme avec la France leur commune amie et alliée, la pierre angulaire de la politique du Japon qui, d’ailleurs, en adhérant à la déclaration de Londres du 4 septembre 1914, ainsi qu’aux conclusions de la conférence économique de Paris du mois de juin 1916, avait déjà témoigné hautement de sa ferme résolution de se tenir en une entière harmonie avec ses alliés, non seulement dans les régions lointaines de l’Asie orientale, mais sur tous les points de l’immense et infini théâtre de la guerre.

A l’accord du 3 juillet était joint un arrangement accessoire par lequel la Russie concédait, à titre onéreux, au Japon l’exploitation d’une partie de la ligne ferrée de Mandchourie entre la station de Kouang-chang-tse, qui avait été jusqu’alors le terminus de la section japonaise, et la station de Tao lai tchao, à une distance d’environ soixante milles au Nord, immédiatement voisine de la rivière Sungari, qui est le point de partage des zones d’influence russe et japonaise. Par cette concession se marquait encore le désir des deux gouvernemens de ne laisser subsister aucun malentendu, aucune équivoque sur les limites respectives de leurs sphères d’action dans cette région de l’Asie orientale où ils ne songeaient plus qu’à coopérer étroitement l’un avec l’autre.

Au mois de février de cette même année, le gouvernement mikadonal avait, par une innovation mémorable dans son histoire financière, autorisé l’émission au Japon de bons du Trésor russe, d’une valeur de 50 millions de yen à 5 pour 100 d’intérêt et au taux de 95 pour 100. Un syndicat formé des principales banques japonaises avait, à lui seul, absorbé la quasi-totalité de cette émission dont le montant était destiné à payer les fournitures de matériel de guerre et de munitions faites par le Japon à la Russie. — Une nouvelle émission de 70 millions de yen devait, l’automne suivant, porter au total de 120 millions de