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NOTRE AVENIR ÉCONOMIQUE

FRANCE ET ESPAGNE

La guerre implacable, qui déchire l’Europe depuis près de trois ans, sera nécessairement suivie d’une après-guerre économique, à laquelle tous les peuples se préparent, comme ils auraient dû tous se préparer à la guerre elle-même. Les cadres de ces hostilités nouvelles resteront, dans leurs grandes lignes, ceux que trois ans d’association armée vont avoir solidement établis. Après comme avant le traité de paix, les amis demeureront, il faut l’espérer, des amis, et les adversaires actuels ne se réconcilieront pas assez pour ne pas chercher à restreindre, dans la mesure du possible, leurs relations d’affaires. Il n’est pas probable et il n’est pas à souhaiter qu’une telle convulsion amène l’établissement rapide de cette fraternité universelle qui suscitait, il y a trois ans, l’enthousiasme illusionné de quelques rêveurs. L’après-guerre économique présentera même cette différence avec la guerre à coups de canon que toutes les neutralités apparentes ou réelles d’aujourd’hui en seront éliminées. Comme la continuation des hostilités le met déjà de plus en plus en lumière, chaque peuple, sans exception aucune, sera forcé d’adopter un camp, sous peine de se trouver, plus encore que dans nos conflits militaires, pris entre deux feux. Personne ne pourra plus sans risques se dire « l’ami de tout le monde. » Il faudra choisir. Aussi, dans cette veillée des armes commerciale et industrielle qui coïncide avec la dernière phase de la lutte, chacun cherche-t-il à apprécier les ressources et les