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Sud-Ouest de ceux-ci, à 130 kilomètres de la côte, entre Ponferrada et Astorga (Léon). Ce gisement Wagner contient au moins 25 et peut-être 60 millions de tonnes de minerais analogues à nos minerais normands. Au moment où la guerre a éclaté, des Allemands s’occupaient d’un chemin de fer destiné à l’utiliser. Près de Santander, la Nueva Montana est exploitée déjà assez activement, en accord avec nos Aciéries de la Marine, pour fournir en temps normal 1 400 000 tonnes par an. Si l’on passe à la zone méditerranéenne, la Sierra Menera, à la limite des provinces de Teruel et de Guadalajara, contient, sous la forme de grands amas, près de 100 millions de tonnes, pour l’exploitation desquelles on a construit un chemin de fer de 270 kilomètres aboutissant à Sagunto. Bornons-nous à mentionner encore les nombreux gisemens situés dans la région de Carthagène et d’Almeria, sur lesquels, en ces temps derniers, l’attention allemande paraît avoir été particulièrement attirée.

La production des minerais de fer espagnols est donc très susceptible de s’accroître. Elle a atteint, en 1913, près de 10 millions de tonnes (la moitié de notre production française) représentant, sur le carreau de la mine, une valeur de 63 millions et occupant environ 34 000 ouvriers. Sur ce total, les deux cinquièmes, soit 3,9 millions de tonnes, provenaient, cette année-là, de Bilbao, qui en exportait 3 millions à l’étranger. La sidérurgie espagnole n’utilise, en effet, qu’une portion restreinte des minerais nationaux. Elle donne seulement 350 à 400 000 tonnes de fonte (15 fois moins que la France) et 230 000 tonnes d’acier. Pour grandir, il lui faut des combustibles, il lui faut du coke. Jusqu’ici, la sidérurgie espagnole s’est donc à peu près localisée à Bilbao en employant un peu de charbon asturien et beaucoup de charbon anglais. Les entreprises de Gijon et d’Avilès ont la prétention de concurrencer Bilbao, ou tout au moins de s’assurer à côté une place au soleil. Elles y réussiront d’autant mieux que le charbon sera plus cher en Espagne et jouera un rôle plus important dans le prix de revient, puisque leur supériorité est de confiner à des charbonnages. La guerre leur a été particulièrement favorable et, plus les hostilités se prolongeront, plus elles accumuleront des réserves qui assureront leur développement futur.

La France, dans cette question du fer, n’a pas le même intérêt personnel que pour la houille. Il lui est commode actuellement