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cent milles au moins des points successivement attaqués, afin d’être en mesure de se jeter sur la flotte de haute mer ennemie, si celle-ci voulait intervenir. Quant aux opérations poursuivies sur les côtes, elles le seront par les unités relativement anciennes, les navires spéciaux à fond plat et armés de gros obusiers, les bâtimens légers de toute catégorie, les appareils aériens réunis en quantité considérable et dont on peut attendre les plus grands services dans ces circonstances, les dragueurs, les mouilleurs de mines, et enfin les navires de plongée pourvus d’appareils particuliers que l’on réclame depuis si longtemps pour eux.

Cela dit, nous pouvons sans doute tabler sur les avantages de tous ordres que nous procurerait la méthodique mise en jeu d’une grande force navale dans la mer du Nord et dans la Baltique. Du coup, nous tendrions la main aux Russes, ce qui serait aussi utile au point de vue politique qu’au point de vue militaire. En second lieu, nous diminuerions les chances de succès des sous-marins allemands, en ce qui touche la guerre économique. Non seulement nous paralyserions largement leurs mouvemens de sortie et de rentrée, qu’ils ne peuvent, en beaucoup de cas-, effectuer qu’en surface, mais encore, nous les occuperions chez eux, puisqu’aussi bien ils seraient obligés de faire face à des attaques immédiates, ou, si l’on veut, à des tentatives de « particularisation » du système de barrage inauguré par nos alliés anglais en février dernier, mais, malheureusement, sur une échelle beaucoup trop grande et à trop grande distance des estuaires -allemands.

Et alors, outre que nos propres cargos seraient beaucoup moins torpillés, les marines Scandinaves et hollandaise libérées de leurs craintes, protégées désormais par l’écran interposé entre elles et l’ennemi, recommenceraient à nous fournir l’appoint du tonnage dont elles disposent encore.

Ce n’est pas tout, j’allais presque dire que c’est peu au regard des bénéfices moraux considérables, que nous tirerions d’une attitude aussi résolue, auprès des peuples du Nord. Je n’ai aucune intention de récriminer. J’admets que l’on a cru bien faire en adoptant, depuis trois ans, dans ces pays, sous prétexte du profond respect que nous devions à leur neutralité et à leurs droits souverains, une réserve qui n’a servi, en définitive, on le voit assez maintenant, qu’à favoriser l’arrogance,