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possible de réaliser dans cette région la supériorité de moyens suffisante pour assurer le succès de l’offensive projetée. Or certains embarquemens et prélèvemens opérés par l’ennemi semblaient présager un nouvel effort sur une autre partie du front. Il y avait donc lieu de reconstituer les réserves d’armée qui avaient été dirigées vers le Nord de manière à pouvoir enrayer, si possible, dès qu’elle se produiraient, les tentatives ennemies jusqu’au jour prochain où la situation des munitions nous permettrait de prendre énergiquement l’offensive dans des régions convenablement choisies. Foch se devait donc désormais contenter de maintenir l’inviolabilité de son front.

Mais pour la maintenir, il paraissait à Foch qu’il ne pouvait suffire de coucher sur ses positions. Il importait, si nous devions nous installer sur le saillant d’Ypres, que celui-ci « prit de l’air, » suivant la formule consacrée, au Nord et au Sud, pour qu’on ne fût plus « pincé à la taille, » selon la pittoresque expression du chef. « Porter les deux ailes en avant, tout en attaquant au centre, écrit un témoin autorisé, telle fut l’idée directrice de la seconde bataille d’Ypres. »

De son côté, l’ennemi, s’il avait renoncé aux grands espoirs, n’entendait point se résigner à nous laisser nous installer, à plus forte raison nous arrondir, sur ce morceau de Flandre arraché à sa convoitise. Les forces jadis accumulées, mais bien affaiblies par les terribles combats de la fin d’octobre et du début de novembre, étaient de nouveau grossies. La Garde qui n’avait été jusque-là engagée que par une de ses brigades au Nord de la Lys, y envoie d’autres unités et le général von Plettenberg, son commandant, s’installe le 9 en Flandre. Arrêté à une lieue seulement d’Ypres, à moitié maître de la crête Zillebeke-Wytschaete-Messines qui domine la ville au Sud-Est, il espère encore, sans attaque de grande envergure, faire tomber l’une après l’autre les positions si vaillamment défendues. Enfin, pour nous empêcher de nous installer, une formidable canonnade, presque continue, marquera jusqu’au 10 que la bataille n’est point finie. Le 10, elle se réveillera.

Un Foch, un d’Urbal, ne se résignent point à attendre, pour agir, que l’ennemi les provoque. Dès le 6, des instructions sont données aux commandans de corps en vue d’une reprise d’attaques sur différens points. L’aile droite de l’armée de Belgique, maintenant constituée par le 1er corps de cavalerie et le