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c’est-à-dire l’ensemble des événemens militaires connus sous le nom de « Bataille de Charleroi. »


IV. LES COMBATS DE LA SAMBRE. — LA MANŒUVRE EN RETRAITE

Le 21 août, les deux armées se trouvent à proximité l’une de l’autre, mais non pas exactement affrontées. L’armée allemande glisse entre la Sambre et la mer, la droite en avant avec une direction générale obliquée vers l’Ouest et le Sud-Ouest, direction de Valenciennes. L’armée française garde la Sambre, se préparant à déboucher au Nord de la rivière, mais avec une inclinaison légèrement obliquée au Nord-Est, direction de Namur.

La Sambre sépare les deux armées.

Cette séparation que fait la Sambre n’a pas, en réalité, une portée stratégique considérable. Quoique l’histoire militaire compte, dans cette région, des lieux illustres (Mons, Jemmapes, Fleurus), les proportions et les ressources de la guerre moderne n’y trouvent ni des facilités ni des obstacles pouvant aider ou arrêter sérieusement des opérations de grande envergure. Surtout la nature des lieux s’est si profondément modifiée en raison du développement de l’industrie du charbonnage et des industries annexes que rien ne ressemble moins à un champ de bataille propice aux évolutions de puissantes armées.

Trois régions très différentes se partagent le bassin de la Sambre, si l’on remonte son cours, à partir de Namur, en se dirigeant vers l’Ouest jusqu’à Valenciennes et la vallée de l’Escaut. Ce sont : la région industrielle dont Charleroi est la capitale ; le Borinage, ou région minière, groupée autour de Mons ; au delà, vers l’Ouest, la région agricole ou des grandes fermes. La Sambre est une rivière d’une très modeste largeur, même à Charleroi, qui, prenant sa source parmi les pâturages de la Thiérache, vient, par une courbe dont Maubeuge est le point culminant, se jeter dans la Meuse à Namur. Née dans les verdures et les bois, elle coule au fond d’une étroite vallée longée, de part et d’autre, par des collines pittoresques et gracieusement meublées ; mais, à partir de son entrée dans le Borinage, son canal fait un dur couloir où les eaux noires coulent comme une traînée de lave entre deux murs de charbon : la mine salit tout, même les eaux vives. Le reflet de l’usine est une tristesse de plus dans un paysage jadis agreste que le travail