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la même heure, un effectif de 1 500 cavaliers allemands apparaît, d’abord, sur les collines qui dominent la rivière sur la rive gauche, à Saint-Martin ; puis c’est l’artillerie qui prend position à Saint-Martin-sur-Velaine (cote 183) ; puis ce sont des masses de l’infanterie descendant vers la rivière par Gembloux- Fleurus. Bientôt, les avant-gardes françaises qui surveillent la rive droite sont avisées que Tongrinne et Fleurus sont encombrées de troupes ennemies : les gens du pays disent 100 000 hommes. C’est donc une armée qui se hâte dans la direction de Charleroi. Les batteries allemandes s’approchent et s’installent au Bois du Curé, sur un redan qui domine la Sambre : la canonnade tonne de ces hauteurs vers midi. La bataille est commencée.

Que faisait-on, au même moment, dans le camp français ?

Pour la journée du 21, le général Lanrezac a donné des instructions offensives-défensives, par conséquent un peu obscures : les corps d’armée se disposeront à attaquer entre Namur et Nivelle, mais ils n’attaqueront pas. Le 1er corps (Franchet d’Espérey) restera sur la Meuse à attendre la relève de la 51e division ; le 10e corps (Defforges) se tiendra sur les hauteurs au Sud de la Sambre (Fosse-Vitrival), et gardera aussi les ponts ; le 3e corps (Sauret) s’opposera au débouché de l’ennemi sur Châtelet [1].

Le 18e corps (Mas-Latrie), les divisions de réserve, l’armée britannique sont encore en arrière, loin de l’ennemi, et font une ligne oblique Sud-Ouest de Charleroi au Nouvion.

Les corps de l’armée alliée forment ainsi, au moment où la lutte va s’engager, une sorte de pyramide dont la pointe est le 3e corps appuyé par le 10e corps.

Soit pour l’offensive, soit pour la défensive, ce dispositif est très dangereux. D’ailleurs, la pensée du général Lanrezac est de n’attaquer que le lendemain. Il prend ses mesures en conséquence : il compte qu’il aura le temps de porter son 1er corps en avant dès que la division de relève sera arrivée, et que ce corps mènera l’attaque dans l’encoignure de la Sambre et de la Meuse, sous le feu de la place de Namur.

  1. Ces instructions sont les suivantes pour le 3e corps : « Se tenir prêt à l’offensive ; être en mesure de s’opposer éventuellement à un débouché de forces ennemies au Sud de la Sambre ; se préparer à appuyer et à flanquer le 10e corps à sa droite et le 18e corps à sa gauche ; veiller et arrêter les incursions de la cavalerie ennemie sur les ponts de la Sambre. »