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Dans ces fonds, la Sambre et le canal forment à peine des obstacles : quelques mètres à franchir sous la protection des maisons qui, parfois, trempent leurs pieds dans les eaux ; au bout de chaque rue transversale un peu importante, un pont ; le cours d’eau franchi, des quais étroits et le réseau des rues et des ruelles qui dévalent des collines ou y grimpent en se contournant et s’achèvent par des sentes bordées de maigres jardins de banlieues, de guinguettes, de cabarets et de villas. Des murs, des palissades, des haies, des clôtures en fils de fer, tout signale le morcellement, l’émiettement de la petite propriété ouvrière. Pour l’assaut, ce sont de parfaits défilemens.

C’est dans cet étroit couloir sans accès et sans vues, sans plaine et sans horizon, que se heurtent les deux puissantes armées lancées l’une pour envahir la France et l’autre pour lui barrer la route. Assurément, si les commandemens avaient voulu cette bataille, ce n’est pas ce terrain qu’ils eussent choisi.

On trouvera dans notre Histoire de la Guerre de 1914 un exposé détaillé des combats de la Sambre ; il suffit de mentionner ici les faits militaires principaux affirmant les caractères de ces combats avec leurs conséquences tactiques et stratégiques.

L’avantage que le commandement allemand avait pris par l’initiative stratégique résultant du plan général d’opérations par la Belgique et la rive gauche de la Meuse se traduit ainsi qu’il suit :

Dans l’espèce de mouvement en éventail que les armées allemandes commencent en tournant autour de Namur comme pivot, elles arrivent les premières dans la plaine de Nivelle et elles entreprennent aussitôt la marche vers l’Ouest, qui s’appuie à gauche sur la Sambre et à droite sur la Demer. Mais la cavalerie et les avions apprennent au grand état-major allemand que d’importantes forces françaises sont massées au Sud de la Sambre. Des contacts ont été pris entre les deux cavaleries, le 19, à Perwez. Sur la rivière les ponts sont occupés.

Dans cette situation des deux armées, la place de Namur prend une importance considérable. Peut-être le projet originaire du commandement allemand était-il simplement de la masquer. Mais, dans la nuit du 20 au 21, la résolution est prise de balayer la Sambre, et le canon tonne sur Namur, le 21 août, à dix heures. On peut dire que la bataille vient chercher la rivière : en effet, le même jour, et presque à