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à ses lecteurs le 1er février 1893 et je l’ai rapporté deux fois devant la Chambre des Députés, sans parvenir à faire comprendre la nécessité de son exécution immédiate.

De grands travaux, sinon aussi urgens, du moins aussi utiles, seraient aussi à entreprendre : par exemple, la mise en état de navigation du Rhône jusqu’à Genève. L’aménagement du Rhône comme voie de navigation constituerait une artère d’une richesse merveilleuse au sein de l’Europe centrale, qu’elle vivifierait au profit de la France en détournant le trafic des ports allemands. Ce serait en outre le moyen de permettre l’organisation des forces hydro-électriques du fleuve et de ses affluens. Celles-ci, d’après certaines évaluations, peuvent fournir un débit moyen de plus de deux millions de chevaux. On épargnerait, par l’emploi de la houille blanche, une consommation considérable de charbon dont nous manquons et dont le prix de revient pèse lourdement sur l’armement français. C’est un point sur lequel on ne saurait trop insister que cette cherté du combustible qui place la France dans une condition si défavorable vis-à-vis des marines concurrentes, anglaise, belge, ou allemande.

Et que dire des bassins de radoub, ces hôpitaux des navires qui leur sont aussi indispensables que les formations sanitaires à une armée en campagne ? Actuellement, le paquebot France, qui navigue en Méditerranée, est forcé de se rendre à Malte, s’il veut trouver une forme sèche assez longue pour le recevoir. Dans les ports de commerce le nombre des cales ne répond nulle part à l’importance des carénages à effectuer. Au Havre, les cales de radoub ne peuvent hospitaliser les paquebots que construisait avant la guerre la Compagnie Transatlantique et ceux-ci doivent aller se faire caréner à Southampton. Mais ceci est encore plus extraordinaire : Rouen, devenu, nous l’avons dit, notre premier port d’importation, ne possède ni forme sèche ni bassin de réparation à flot. Les navires qui ont eu besoin de se réparer, parmi la quantité considérable de bâtimens fréquentant le port, ont dû se rendre en Angleterre pour se faire radouber, au lieu de trouver sur place de quoi remédier à leurs avaries. En revanche, onéreuse des bassins dans les arsenaux militaires où leur nécessité n’est pas toujours démontrée. C’est ainsi qu’après l’achèvement des travaux de Lanninon, Brest aura trois formes de vastes dimensions, Lorient une, Cherbourg une.