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question, dans ces audiences, ni de politique, ni de guerre. ; Mais la longueur inusitée de ces entretiens, l’attention que la reine Wilhelmine mit à recevoir chacun de nous séparément et longuement, l’admiration chaleureuse qui fut témoignée de part et d’autre pour l’héroïsme de la France et pour le courage moral de ses femmes dans le sacrifice, montraient un hommage parti du cœur. La reine mit sous nos yeux une relique française de la famille royale, le « mémorial » manuscrit des Coligny, où le nom de Gaspard, l’amiral, est marqué à mainte page. La pieuse délicatesse d’un tel geste était bien faite pour nous toucher à l’endroit le plus sensible. Cette audience « privée » ne fut point mentionnée dans les journaux. Elle n’en fut pas moins connue et appréciée à sa valeur par notre entourage.

Partout, hors d’Amsterdam, les observations faites à Amsterdam se confirmèrent, se complétèrent. J’eus l’occasion de remarquer une fois de plus, à Leyde, ville d’université célèbre, quelle excellente langue parlent les professeurs hollandais chargés de l’enseignement français soit au lycée, soit à l’université comme « lecteurs. » M. Snyders de Vogel, qui m’introduisit auprès du public ; M. Werkmann, qui m’accueillit à l’arrivée, me l’ont appris une fois pour toutes. A Utrecht, le président de l’Alliance française, M. le pasteur Genouy, était Français, et de la meilleure marque de nos terroirs du Midi ; mais à Nimègue, entre notre président, M. Wieweg, et son dévoué secrétaire, M. Hovenkamp, mon admiration a recommencé. Elle a redoublé, à Rotterdam, lors d’une première et tout intime séance que m’avait demandée la présidente du Comité Hollande-France de cette ville : à ses côtés, en effet, je trouvais associés à la même œuvre de dévouement à la France un Johan de Meester, le grand écrivain hollandais ; un Huib Luns, artiste réputé, et d’autres personnes familiarisées de tout temps avec nos idées, notre littérature, notre art. Et ce comité présidé par une dame (la seule, je crois bien, dans ce cas), avait récemment montré de quoi il était capable lors de cette « Exposition d’art français » qui voyagea l’année dernière en Hollande, et y prit les proportions d’un événement, événement souligné à la Haye par la visite de LL. MM. les Reines et du prince consort. La qualité supérieure de ce premier contact avec l’élément francophile de Rotterdam