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sauta sur le parapet de ses tranchées. Les Néo-Zélandais, composés surtout d’élémens originaires d’Auckland, Canterbury, Otago et Wellington, avaient cinq cents mètres à franchir avant d’en venir au corps à corps. Ils partent en plusieurs vagues, franchissent un double barrage de shrapnells et de mitrailleuses, semant derrière eux une sanglante traînée de cadavres et tombent sur leurs adversaires. Ce fut un terrible combat à l’arme blanche où succombèrent les derniers défenseurs allemands.

Après un instant d’arrêt qui permit aux artilleurs d’allonger leur tir, les nôtres s’étaient reformés et repartaient sur la deuxième ligne allemande, distante de huit cents mètres, constituée par une double tranchée garnie de fils barbelés. Ils marchèrent comme à la parade, alignés et sans s’arrêter, malgré de lourdes pertes. La situation était délicate : les positions adverses, quoique « pilonnées » avec soin, contenaient encore des défenseurs. Elles demeuraient même intactes sur certains points. Les tanks vinrent sauver les Anzacs. Leur avance lente les avait laissés en arrière, tandis que les soldats bondissaient en avant. Mais, voici leur heure venue. Dépassant l’infanterie, ils malaxent les fils barbelés et s’établissent à cheval sur une tranchée qu’ils balayent de leurs mitrailleuses. En vain, mal remis de sa stupeur, l’ennemi riposte-t-il par une pluie de bombes ; en vain, une batterie de 77 les prend-elle dans son tir, de plein fouet, à quatorze cents mètres : ils demeurent invulnérables, entraînant à leur suite, dans un sillage victorieux, les fantassins qui submergent la garnison et criblent de balles le ravin situé à 1 500 mètres au Nord-Ouest de Fiers. Le terrain qu’ils avaient ainsi gagné dans cette glorieuse journée, les Anzacs surent aussi le conserver. Le lendemain, il en fut de même avec un accroissement de pertes pour l’adversaire et, peu après, les Néo-Zélandais étaient relevés, ayant pris la part la plus brillante à ce succès et capturé un grand nombre des 5 000 prisonniers faits en cette occasion[1].

Depuis, les Anzacs, le 7 juin 1917, dans la prise de Messines-Wytschaete à la bataille des Flandres, rendirent à notre cause un inoubliable service. Ils eurent la gloire de prendre d’assaut le premier de ces deux villages. Le 4 octobre, par un nouveau bond vers Passchendaele, ils enlevaient Gravenstafel.

  1. Ajoutons que le corps canadien, sous les ordres de sir Julian Byng, se couvrit aussi de gloire en cette journée.