Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 42.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans mes bras… Ne manque pas de venir me voir le onze. Tu n’auras qu’à demander ma voiture pour l’heure où tu la désireras. Denis sera à tes ordres ainsi que Duquet, c’est une affaire arrangée. Mme Murat ne cesse de me demander de tes nouvelles, et tu ne pourras te dispenser de la voir le même jour que tu viendras ; mais tu peux te mettre en robe ronde. On ne porte plus autre chose, si ce n’est dans les grands cercles, ou bien dans les dîners priés. Que cela ne te gêne donc pas, car, de quelque manière que ce soit, tu seras aussi bien reçue par elle que par moi. Tu vois que je suis bien sûre de mon fait.

« Les nouvelles de l’Armée du Rhin sont toujours des plus satisfaisantes. Nous sommes allées hier au soir à Paris, à huit heures, chez la princesse Louis pour les entendre. Le résultat est que nous avons pris tous les canons, munitions, magasins des Autrichiens et fait cinquante mille prisonniers. C’est si beau que vraiment on le croit à peine, mais tu sais que rien n’est impossible à l’Empereur. Le prince Murat a été de toutes les affaires et on lui attribue avec raison tous, les succès. Exelmans[1]a eu dans la première action deux chevaux tués sous lui. Il en a été récompensé, ayant été désigné par le prince pour présenter les drapeaux pris sur l’ennemi à l’Empereur qui l’a nommé sur-le-champ officier de la Légion d’honneur et lui a promis plus encore

« On ne sait encore rien de l’Armée d’Italie. Ce qu’il y a de certain, c’est que l’armée autrichienne en Allemagne est tout à fait perdue. Maintenant, c’est aux Russes que nous allons faire voir ce que nous savons faire.

« Je suis encore à Neuilly et vraisemblablement pour quelque temps encore ; j’y suis on ne peut mieux, je me porte à merveille, que faut-il de plus ?… Tu étais invitée à dîner dimanche dernier chez la princesse Louis. J’y fus parce que la princesse Caroline l’exigea. Lundi, je dînai avec la princesse Caroline chez M. Jérôme. Elle lui a cédé ou prêté son hôtel rue Cerutti. Saliceti[2]y dîna ainsi que Mme de Laplace qui arrive de son grand voyage, plus minaudière que jamais. Il parait qu’elle reste attachée à la princesse Elisa, car elle n’est qu’en congé à

  1. Remy-Joseph-Isidore Exelmans, constamment aide de camp de Murat jusqu’en 1811.
  2. Christophe Saliceti, député de la Corse de 1789 à 1799, a joué le plus grand rôle dans la vie et la fortune des Bonaparte (1757-1809).