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Des forêts où l’on boit un air de liberté,
Mainte ville qui fume et luit sous la lumière,
Souriante avec majesté,
Royalement hospitalière.

Des plaines où s’étale un fleuve au cours changeant,
Des rives où mugit et chante la mer libre,
Et des monts couronnés d’argent
Autour desquels un beau ciel vibre.

Des champs où l’été vif mûrit pampres et blés,
Des prés où l’herbe haute au vent joue et s’incline,
Des vergers de fleurs constellés
Escaladant mainte colline.

Quelque humble toit caché sous les arbres, parmi
Les landes et les bois qu’Avril fera renaître,
Une lampe au regard ami
Qui brille près d’une fenêtre.

Une jolie enfant qui se pare d’un rien.
Dont la fine gaieté, la grâce tendre et fière,
Sont l’apanage et le vrai bien,
Alouette au chant de lumière.

Un chevet que le Christ en croix paraît bénir,
Un foyer où la mère est une Providence,
Des berceaux rythmant l’avenir
Et ses rêves par leur cadence.

Images qu’avec soi l’on emporte au péril,
Souffles, couleurs, parfums, rayons dont l’âme est faite
Et qui lui semblent dans l’exil
Une félicité parfaite.

C’est de cela qu’on vit, là que l’on met son cœur,
En ces choses qu’on croit, et pour elles qu’on prie,
Qu’on lutte, qu’on souffre et qu’on meurt,
Car cela, c’est notre patrie.