Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 44.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils souriaient à la lumière enchanteresse,
Ces athlètes jumeaux, enfans d’une prêtresse,
Qui pour servir leur mère, en leur zèle pieux.
Avaient trainé son char jusqu’à l’autel des dieux.
Elle, ayant parcouru le cœur gonflé de joie
Sa route transformée en triomphale voie,
Demanda pour les fils qui la comblaient d’honneur
Aux immortels clémens le plus parfait bonheur.
C’était par un matin d’été bruissant d’abeilles,
Où les jardins n’étaient que roses sous les treilles,
Où, sous les longs baisers du flot pur et changeant.
Le rivage luisait comme un grand arc d’argent,
Un de ces jours si beaux où la douceur de vivre
Ainsi qu’une liqueur délicieuse, enivre.
La bienheureuse mère, après avoir prié
Avec des pleurs d’amour, eut un geste effrayé,
Quand soudain elle vit, au seuil même du temple.
Ses deux fils qui semblaient s’être endormis ensemble.
Et d’un grand cri les appela... Mais à sa voix
Ils demeurèrent sourds pour la première fois,
Car mourir dès l’aurore est la faveur suprême
Que le ciel pitoyable accorde à ceux qu’il aime.

Héroïques enfans qui nous avez comblés
De joie, et nous laissez maintenant désolés.
Vous l’avez méritée aussi, la récompense
Que la pitié divine à nos peines dispense ;
Vous êtes délivrés !... Si déjà les anciens
Déclaraient que la mort est le plus grand des biens.
Même pour la jeunesse, élite de la race,
La refuserons-nous à votre noble audace.
Nous qui savons que cette mort, en vérité.
N’est que le premier pas dans l’immortalité !


DOUCE FRANCE


Un pays où le peuple est joyeux et hardi.
Où, dans un parler clair, son cœur vaillant s’exhale,
Où fond au soleil du midi
La brume septentrionale.