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Nul regard curieux ne fouillera ta vie ;
De toi rien n’est resté qu’une urne et qu’un tombeau
Bon ouvrier, loyal travailleur, je t’envie !

Tu fis honneur à l’art que tu pris pour flambeau.
Et dédaigneux sans bruit des ambitions vaines,
Tu prouvas fièrement que ton songe était beau.

Puisqu’un peu de ton sang palpite dans mes veines.
Enseigne-moi ton sage orgueil, ô cœur allier
Qui sus transfigurer tes désir et tes peines !

Apprends-moi le labeur qui saisit l’être entier
Et qui, par sa vertu réalisant nos rêves.
De fantômes divins peuple un obscur sentier.

Heureux qui, comme toi, peut de nos âpres grèves
Un jour monter en paix vers un soleil plus haut.
Emportant son amour profond, ses larmes brèves,

Et ne laissant de soi qu’une œuvre sans défaut !


VEGA.