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le glaive, et sa voix vibrait comme une lyre chante dans le vent... »


Contrairement à l’usage établi, la Chambre et le Sénat ne se séparèrent pas immédiatement. Le baron de Broqueville, montant à la tribune, demanda à faire aux deux Chambres réunies une communication au nom du gouvernement. Il fallait gagner du temps et simplifier autant que possible la procédure. Après quelques mots de préambule, le ministre de la Guerre commence la lecture de l’ultimatum reçu le dimanche soir à sept heures. Il veut exposer au Parlement la situation dans toute sa gravité : trois documens, de quelques lignes chacun, y suffiront. Après en avoir pris connaissance, les représentans du pays n’auront plus rien à apprendre et pourront juger en pleine lumière de l’avenir du pays.

L’assemblée écoutait dans un silence émouvant les termes de la note allemande. Le ministre fit sonner les mots de menace qui la terminaient, notamment le sinistre appel à la « décision des armes » qui en indiquait l’esprit. Puis il ajouta :

« S. Exc. le ministre d’Allemagne, en nous remettant cette note dimanche soir à sept heures, réclamait une réponse dans les douze heures de la réception de cette note. Nous avons immédiatement demandé aux ministres d’État, sans distinction d’opinion politique, de bien vouloir se joindre au Gouvernement, afin de délibérer en conformité absolue de sentiment avec la nation tout entière. J’ai le droit d’affirmer que c’est à l’unanimité de tous les membres présens à cette réunion que les décisions communes ont été prises dans l’intérêt commun de la Patrie. »

Des « Très bien ! » soulignent cette déclaration qui constitue le seul compte rendu officiel de ce qui s’est passé au Conseil nocturne tenu le 2 août au Palais de Bruxelles.

Le baron de Broqueville passa ensuite au second document du dossier : la réponse belge. Elle débute, suivant l’usage des chancelleries, par un résumé fidèle de la note à laquelle elle répond. L’attention de l’assemblée se fixa, plus intense. La Chambre approuva le passage affirmant que la neutralité de la Belgique eût été défendue contre la France, si cette puissance