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renouvelait par des appels successifs. Les États-Unis se proposent de former 40 divisions, de 27 152 hommes chacune ; l’ « armée régulière, » celle du temps de paix, constitue, avec les enrôlement volontaires, le noyau des 10 premières divisions ; les 17 suivantes (11 à 27), dont 16 blanches et 1 noire, sont l’« armée nationale » provenant uniquement de la conscription ; enfin la milice fédérale, — gardes nationaux, — déjà sommairement exercée avant la déclaration de guerre, porte les numéros 28 à 40.

Chaque régiment comprend 3 755 hommes et chaque division, de service en Europe, comprendra 4 régimens d’infanterie, 1 bataillon de mitrailleurs, 1 régiment de génie et 3 régimens d’artillerie de campagne. Avec les troupes de marine, à terre ou à la mer, la force armée actuelle des États-Unis, en entraînement ou exercés, comme environ un million et demi d’hommes et les effectifs, d’après les intentions du gouvernement, pourront aller à deux millions.


III

Or, il est d’opinion courante, à Washington, que pour un homme au front il faut quatre hommes à l’arrière ; autrement dit que l’entretien d’un soldat exige le travail de quatre ouvriers, soit dans les usines purement militaires, soit dans les champs ou dans les manufactures de toute sorte : 2 millions de combattans absorbent donc l’effort de 8 millions de non-combattans pour les équiper, les transporter, les approvisionner de vivres et de munitions. Ce n’est pas tout : l’ensemble des munitions, des matières premières et des marchandises innombrables que les diverses nations de l’Entente demandent aux États-Unis, tant pour leurs armées que pour leur population civile, représente l’ouvrage de 6 ou 7 millions de travailleurs.

Si l’on admet que ces travailleurs adultes sont aujourd’hui au nombre d’environ 30 millions sur le sol de l’Union, c’est plus de la moitié de la production américaine qui est destinée à la consommation soit de ses propres armées, soit des armées et des peuples alliés de l’Europe. Il en résulte que la population civile des États-Unis se verrait forcée de changer son train de vie et de restreindre ses besoins de près de moitié, pour arriver à se suffire avec la moitié de ce qu’elle consommait naguère.