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la Russie autocratique et bureaucratique, le peuple passait soudainement de l’esclavage à l’anarchie et cessait de produire, la démocratie américaine, par la volonté disciplinée des citoyens, organisait la dictature pour mieux diriger et organiser sa production. Dictature de la compétence, celle-ci est sur chaque terrain confiée aux spécialistes les plus qualifiés de la profession. On n’y voit aucun membre du Sénat ni de la Chambre des Représentans ; mais, groupés et munis d’une délégation de la force publique, industriels du fer, du charbon ou du pétrole, commerçans ou agriculteurs, sont priés, chacun dans sa sphère, d’agir au nom de l’Etat. Dictature gratuite d’ailleurs : M. Frank A. Vanderlip, président de la National City Bank, la plus importante de New-York, laisse ses affaires et s’installe à Washington, appelé par le ministre des Finances pour l’aider dans les opérations d’emprunts et autres, avec les appointemens modestes d’« un dollar par an. »

<(Stabiliser les prix des principales marchandises, a dit M. Herbert G. Hoover, le contrôleur des vivres, défendre nos exportations vis-à-vis de la pénurie mondiale, de manière à garder le nécessaire pour nous et nos alliés, et, pour que ces derniers puissent nourrir largement leurs peuples et leurs armées, économiser chez nous les denrées autant qu’il nous sera possible, tel est le triple but que nous nous proposons. » L’abandon des travaux ordinaires du tem()s de paix par 40 millions d’hommes, appelés à la guerre ou aux travaux de la guerre, a diminué cet automne de 170 millions d’hectolitres de grains la récolte normale des nations de l’Entente. Le marché américain est le seul sur qui nous autres Européens, dépendant plus ou moins des autres contrées pour une partie de nos alimens, puissions compter ; non seulement il est le plus proche, mais ses ports sont les plus accessibles.

Or, ce marché, au lieu de 25 millions d’hectolitres de froment qu’il nous envoyait avant la guerre, doit, de façon ou d’autre, trouver moyen de nous en expédier 75 millions ; encore est-ce à condition que, nous autres. Européens, réduisions d’un quart notre consommation de pain et que ce pain soit un pain de guerre additionné d’autres céréales. Même remarque pour le bétail et les produits de laiterie ; pour le sucre, que l’Angleterre recevait d’Allemagne et dont la France et l’Italie se fournissaient elles-mêmes, tandis qu’elles n’assurent plus qu’un