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50 pour 100 ; sur les bénéfices de guerre jusqu’à 60 pour 100. Le tout monte à 13 milliards de francs de taxes nouvelles.

Par l’« excess profits tax, » — impôt sur les bénéfices faits depuis la guerre, — dont le total, pour l’année 1917, est estimé à plus de 5 milliards de francs, l’Amérique envoie ainsi indirectement aux Alliés une bonne partie des gains réalisés soit sur les fournitures mêmes qui leur avaient été faites, soit sur les matières que les hostilités ont fait enchérir. Quelques grands trusts ont à payer de ce chef des taxes prestigieuses : l’Anaconda Copper Mining 72 millions de francs, la Bethlehem Steel 125 millions, la Du Pont Powder C°, 180 millions et la corporation géante de l’acier, l’United States Steel, 920 millions de francs, — 184 millions de dollars.

Nul ne se plaint, nul ne marchande son concours. Aux contributions légales et obligatoires les banques, les sociétés industrielles, les compagnies de chemins de fer, ajoutent des dons volontaires. Lorsque la Croix-Rouge américaine, pour s’équiper, demanda l’été dernier 500 millions de francs au public, les mêmes trusts votèrent immédiatement des dividendes spéciaux « Red Cross dividends, » que les actionnaires, bien qu’ils eussent le droit strict de les toucher, étaient invités à abandonner aux ambulances ; ce .qui fut fait par la quasi unanimité d’entre eux.

J’ignore ce que l’expédition d’Amérique avait coûté au gouvernement de Louis XVI ; il semble bien que les États-Unis nous rendent au centuple le cadeau que nous leur avions fait il y a cent quarante ans. Mais l’argent est peu de chose auprès du sang qu’ils s’apprêtent à verser pour notre cause et qui cimente entre eux et nous, à travers l’Océan, des liens éternels.


GEORGES D’AVENEL.