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genoux, le ventre vide, l’estomac criant la faim, au bout de deux heures, les oreilles bourdonnent, on n’ose plus se relever, car la tête tourne, le sol manque et souvent on s’affale étourdi.

14 juillet. — Nous avons pu voir les ordres écrits que possède le chef de poste. Voici, dans toute sa beauté, cette circulaire officielle émanant de Berlin :


Aucun confort ne sera toléré aux prisonniers, spécialement en ce qui concerne la nourriture et les soins de propreté.

Il ne devra être laissé en leur possession qu’un morceau de savon de dimensions aussi réduites que possible. Il est expressément défendu qu’ils soient couchés autrement que sur du bois. Les sacs de couchage et tout ce qui pourrait servir de coussin seront confisqués. Dans les cantonnemens, il leur sera retiré tout ce qui pourrait leur servir de table, de chaise, y compris les petits meubles fabriqués par les prisonniers eux-mêmes.

Ils ne devront posséder de cuillers qu’à raison d’une pour trois hommes. De même, un plat à manger pour trois.

Les prisonniers ne doivent posséder ni bidons, ni bouteilles, ni quarts, ni aucun récipient pour liquides.

Il est prévu un litre d’eau par jour et par homme, pour tous usages.

Il est ordonné particulièrement de laisser ignorer aux prisonniers pour quelles raisons ils sont « représaillés, » pour quelle durée.

Il ne sera toléré aucun rapport entre les sentinelles et les prisonniers.

Parmi ces derniers, les plus haut gradés seront toujours punis de préférence.

Trois sortes de punitions : le conseil de guerre ; le poteau, par fractions de deux heures ; et la prison par six jours.

Les prisonniers seront attachés au poteau, chaque bras ramené en arrière, les mains écartées et plus haut que la tête, le corps penché en avant, les pieds levés et soulevés de terre.

Le travail devant passer avant toute autre considération, le poteau sera appliqué de préférence à la prison, qui ne sera infligée qu’exceptionnellement.

A moins de 39° de fièvre, pas de visite médicale et pas d’exemptions.

Les prisonniers ne posséderont qu’une seule veste et un pantalon,