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était difficile, et que la chaleur développée rapidement sous cette coupole de métal provoquait souvent de la gêne et des maux de tête. En fait, j’ai connu des compagnies où la calotte servait plus souvent de tasse à café que de protection crânienne.

Entre temps, l’intendant général Adrian, qui ne s’était pas arrêté à cette première étape qu’il sentait lui-même imparfaite, poursuivait ses recherches dont sortit bientôt le casque qui n’était qu’un perfectionnement, mais un perfectionnement nécessaire de la calotte. — Le casque Adrian était au point dès le 31 avril 1915, et aussitôt adopté. Commandées dès le mois suivant, les premières centaines de mille étaient livrées dès juillet. Depuis, la production n’a pas arrêté une minute ; elle est de plusieurs dizaines de milliers par jour, et elle suffit à peine à alimenter les besoins de notre armée et de tous ceux de nos Alliés qui l’ont rapidement adopté.

D’emblée, le casque Adrian a été accueilli avec enthousiasme par nos soldats qui en ont compris immédiatement l’importance, soulignée chaque jour par les faits qu’ils pouvaient observer sur eux-mêmes et leurs camarades.

Il n’est point besoin de décrire ici cette coiffure guerrière aujourd’hui populaire, et qui donnera dans l’histoire aux soldats de Verdun, de la Somme, de la Champagne... de la grande bataille victorieuse de demain, leur silhouette légendaire. — C’est par le casque avant tout et surtout que le soldat français a aujourd’hui une si fière allure. C’est le casque qui lui donne cette ligne martiale qu’on n’avait pas revue depuis les Romains. Est-il rien de plus élégamment simple ? Pas de pointe grotesque et qui semble appeler les foudres joviennes. Pas de cimier achilléen ou de crinière onduleuse comme aux temps surannés, hélas ! où la guerre ressemblait à un opéra-comique. Avec ses proportions simples, sa forme unie dont une légère pièce médiane, — elle-même nécessaire comme nous verrons, — surplombe et atténue la rotondité, avec sa visière et son couvre-nuque modérés et dont la forme et l’inclinaison sont parfaitement équilibrées, le casque Adrian est une merveille de simplicité esthétique, de grâce sans ornement. Il est beau, mais il n’est pas que cela : il est surtout utile.

Si on le regarde non plus avec l’œil d’un amateur ou d’un artiste, mais avec l’œil de celui qui entend sur sa tête la tempête des obus traversée par la bise sifflante des balles, le casque alors prend toute sa valeur, et ce qui n’était qu’élégance tout à l’heure devient raison et sécurité.

L’acier qui le constitue est un acier demi-dur spécialement choisi