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pour se déchirer sans se casser sous le choc des projectiles perforans. Ainsi tombe l’objection de quelques misonéistes qui ne voulaient point de cette coiffure, sous prétexte que les balles, en la brisant, en entraîneraient des débris qui formeraient projectiles secondaires et aggraveraient les blessures.

L’épaisseur de la tôle choisie est de 7 dixièmes de millimètre. C’est onze fois moins qu’il n’en faudrait pour arrêter les balles de plein fouet. Mais aussi son poids ne dépasse guère 700 grammes. Cette épaisseur de 7/10 de millimètre suffit à arrêter la plupart des éclats. Quant aux balles elles-mêmes, contre lesquelles il n’avait nullement pour objet de constituer une précaution, il est arrivé que dans beaucoup de cas il s’est trouvé également très utile.

Un grand nombre de balles, lorsqu’elles rencontrent obliquement la partie bombée du casque, si elles ne ricochent pas au sens exact du mot, éprouvent du moins une déviation angulaire, variable suivant l’incidence, mais qui a pour effet constant d’éloigner le projectile du centre de la surface connexe heurtée, c’est-à-dire de l’éloigner de la tête. Ces effets dévians produits par le casque sur la balle ont été constatés dans des milliers de cas et ont contribué à atténuer la gravité des blessures et à sauver de nombreuses existences que les balles eussent fauchées sans cela J’ai sous les yeux un grand nombre de photographies de casques, ainsi frappés par des balles et où l’on voit nettement la déviation de la trajectoire vers l’extérieur. Les journaux illustrés ont d’ailleurs publié de ces photographies vraiment très frappantes, et ces faits, constatés d’ailleurs chaque jour dans les tranchées et aux ambulances de l’avant sont aujourd’hui hors de toute discussion.

Quant aux existences sauvées, aux blessures atténuées par le casque Adrian, grâce à son effet protecteur contre les éclats, à faible vitesse, c’est par centaines de milliers qu’il faut les compter. Toutes les communications, tous les rapports des chirurgiens militaires sont unanimes à cet égard.

Si l’on étudie en particulier le pourcentage des décès occasionnés par les blessures du crâne, le dépouillement des statistiques montre qu’avant l’emploi du casque, les décès étaient de 6,42 p. 100 et, que depuis son adoption, ce pourcentage est tombé à 3,73 p. 100, guère plus de la moitié. Qu’on imagine combien de milliers d’existences sauvées cela représente !

Il est d’ailleurs, après l’adoption du casque, arrivé ce résultat paradoxal, que, dans certains secteurs, la proportion des blesses du