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Allemands se servent largement et volontiers de nos casques chaque fois qu’ils s’en emparent.

Car ce qui lui donne sa valeur, ce qui en fait une coiffure dont ne veulent pas se séparer ceux qui en ont pris l’habitude, c’est l’harmonieux dosage, l’équilibre parfait qu’il réalise en ces deux qualités apparemment incompatibles : la commodité et la sécurité.

Les Anglais ont pourtant adopté, à notre imitation, un casque un peu différent du nôtre. Je suis sûr que ce n’est pas par le singulier désir de faire autre chose que le voisin, qui a caractérisé longtemps certaines armées de métier. Pourtant, si l’on compare le casque anglais au nôtre, il faut bien reconnaître que la comparaison n’est pas désavantageuse à celui-ci Tout d’abord, l’acier du casque anglais est un acier au manganèse plus dur, qui risque davantage d’être enlevé à l’emporte-pièce par les balles et éclats et de former des projectiles secondaires vulnérans. Ensuite, la bombe du casque anglais est moins creuse que la nôtre ; cela provient d’une nécessité de fabrication, de l’emboutissage limité auquel nos Alliés ont été forcés, par la condition qu’ils se sont posée de faire leur casque d’une seule pièce. Cette convexité moindre entraîne un risque plus fréquent de choc secondaire. Enfin le casque anglais, n’étant pas troué à sa partie supérieure, l’aération y est assurée par l’interposition de petites cales entre l’acier et la coiffe, cales qui, en cas de choc brusque (chute d’une poutre, etc.) transmettent la pression en quelques points seulement du crâne au lieu de la répartir sur tout le pourtour comme dans le casque français.

Il me reste à montrer maintenant comment on en est venu à envisager pour la protection des autres parties du corps un armement défensif analogue à celui qui a, pour la tête, donné de si beaux résultats.


CHARLES NORDMANN.