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d’autres sans me rien dire, d’autres mont exposée… que j’aitais troprompte, qu’il relirais leurs enfans puisquil n’étais plus instruit. J’en ai perdu sep en cinque jours, j’en ai encore perdu six depuis par prétexe de maladie[1]… » Peut-être, à l’insu de la « citoyenne républicaine, » son orthographe était-elle pour quelque chose dans cette désertion. Quant au bonnet rouge et aux Droits de l’homme, on les trouve dans tous les établissemens similaires, aussi bien chez les maîtres de pension Oger et Thomas, tous deux membres de la Commune insurrectionnelle, que chez le citoyen instituteur Pollet et chez Julien Leroy, dit Êglator, le féroce égorgeur de Bicêtre, également éducateur de la jeunesse[2]. Huet, membre du club des instituteurs, signale, en novembre 1793, au président de l’Assemblée, l’ingénieuse façon dont il tient sa classe : c’est une « petite Convention. » — « Elle est montée d’un président et d’un secrétaire, qui se nomment tous les quinze jours ; pas d’autres lectures que celle des Décrets, de la Constitution et des numéros du Père Duchesne[3]. » Les enfans de la section de la Fontaine de Grenelle viennent réclamer de la munificence des représentans de la nation « un buste de Marat ; » le jeune orateur de la députation, parlant en leur nom, déclare : « Nous lisons sans cesse ses actions ; le livre qui les renferme remplacera ceux de la superstition où se trouvait à peine une vérité parmi mille erreurs[4]. »

La plus renommée de ces institutions est celle que dirige, dans les bâtimens de la ci-devant abbaye Martin-des-Champs, le citoyen Léonard Bourdon, qui, avant la Révolution, s’appelait Monsieur Bourdon de la Crosnière : il avait été, à cette époque, l’intendant de Sénac de Meilhan ; débarqué à Paris en 1789, il avait fondé une école qui probablement ne prospérait guère, jusqu’au jour où un éclair de génie la fit connaître de la France entière. C’était en octobre 1789 ; le 23 de ce mois fut solennellement présenté à l’Assemblée Constituante un certain Jacob, âgé de cent vingt ans, qui fut aussitôt célèbre sous l’appellation de Vieillard du Mont Jura. Le président fit décemment

  1. Archives nationales, F17 1008. Cité par Victor Pierre, L’Ecole sous la Révolution française.
  2. F. Braesch, La Commune du 10 août 1792, p. 269.
  3. Victor Pierre, L’École sous la Révolution, p. 90.
  4. Moniteur, 27 janvier 1794.