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deux ans de guerre à la pleine satisfaction de nos ennemis, — en vue des opérations dans la Méditerranée, par exemple ? Ici, un doute est permis. En tout cas ce type est encore largement représenté dans l’ordre de bataille de la flotte sous-marine de l’Empire, et il rendra toujours de bons services.

Ne faut-il pas, d’autre part, — et comme je l’ai déjà dit ici, — admettre l’apparition très prochaine du sous-marin porteur d’un appareil spécial destiné à couper ou à détruire, par un moyen ou par un autre, les filets qui défendent certains passages et surtout les entrées de nos rades ou de nos ports ? L’intérêt d’atteindre, derrière ces obstacles, les grandes unités de combat à l’ancre est tel qu’on doit croire que toutes les marines poursuivent à cet égard des études et des expériences, d’ailleurs fort délicates. Qui, de nous ou de nos adversaires, arrivera le premier au but ? Nous, je l’espère.

Il n’en reste pas moins que le trait caractéristique de la phase de la guerre sous-marine dans laquelle nous allons entrer doit être cherché dans l’utilisation du très grand submersible, le « croiseur sous-marin » à grand rayon d’action.

Et pourquoi ? Parce que la politique de guerre navale actuelle de l’Allemagne est, avant tout, d’entraver le plus possible et, sinon de paralyser, du moins de retarder la concentration en Europe de la puissante armée qui se forme en Amérique et dont une très forte avant-garde est déjà à pied d’œuvre sur le front occidental.

Est-ce à dire que le blocus commercial, le blocus économique des alliés de l’Ouest, sera relégué au deuxième plan ? Peut-être pas. Il faut considérer que le blocus peut s’exercer avec fruit sur toutes les routes de navigation de l’Atlantique nord, puisque aussi bien tant de denrées, de matières et d’objets confectionnés nous viennent des deux Amériques et qu’au demeurant les eaux européennes de l’Atlantique conduisent à beaucoup de nos ports et à tous ceux de la Grande-Bretagne les navires qui viennent de la Méditerranée, du canal de Suez, de l’océan Indien par le cap de Bonne-Espérance ; du Pacifique enfin, soit par le même cap, soit par le détroit de Magellan ou le cap Horn, sans parler du Canal de Panama.

Il est donc fort possible de combiner les mouvemens des grands submersibles opérant dans l’Atlantique Nord de façon qu’ils satisfassent aux deux objectifs : contrarier les convois