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les ports de la métropole, où l’on a toujours des réparations, des modifications à faire, des mutations de personnel à opérer et quelques semaines de repos, de reconstitution physique et morale, à donner à l’état-major et à l’équipage.

Ajoutez à cela que, pour un sous-marin de très grande taille, — j’ai eu déjà l’occasion d’en faire l’observation ici [1], — c’est une phase critique, encore que courte, de sa croisière, que celle de la navigation dans les eaux basses des côtes allemandes. Dès qu’il arrive dans les zones de fonds de 15 à 20 mètres, ou tant qu’il ne les a pas dépassées en sortant du port, il est obligé par ses dimensions, précisons : par l’étendue de la marge de sécurité qu’exigerait, pour lui, la marche en plongée, de se tenir à la surface et de marcher au moins en « demi-plongée, » manches d’aération et peut-être capot de commandement hors de l’eau. Autant de points fort visibles pour les patrouilleurs ennemis, — si ceux-ci osent se rapprocher des côtes, — en tout cas pour les appareils aériens, qui deviennent tous les jours plus indiscrets et plus dangereux.

Ce sont là des considérations pratiques d’une incontestable importance et qui eussent dû peser depuis longtemps dans l’esprit de tous ceux qui avaient à étudier les problèmes de la guerre sous-marine et de la guerre de côtes, ce dernier si fâcheusement négligé depuis trois ans et demi [2].

Mais revenons aux caractéristiques du très grand sous-marin allemand. Sa vitesse est généralement évaluée à 21 nœuds en surface et 12 en plongée. Il peut paraître pauvre, pour un croiseur, de ne filer que 21 nœuds au maximum et à la surface. Remarquons du moins que, s’il s’agit de se soustraire à la poursuite des grands croiseurs ordinaires, lesquels donnent aisément 5 ou 6 nœuds de plus, le croiseur sous-marin conserve toujours la faculté de plonger.

Cette opération sera-t-elle assez rapide en certains cas pressans, alors que les exigences générales du rôle de croiseur du large auront nécessairement conduit à donner au bâtiment considéré une assez grande flottabilité ? La question se pose.

  1. Voyez dans la Revue du 15 novembre 1915, La variété des types de sous-marins.
  2. On ne peut assez dire combien il est regrettable que les Alliés d’Occident. n’aient jamais voulu envisager sérieusement les avantages de toute espèce qu’ils auraient tiré de l’occupation des îles allemandes du chapelet de la Frise orientale.