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vol ? Si cela était possible, — et l’on ne voit pas, théoriquement, pourquoi il n’en serait pas ainsi [1], — une escadrille d’appareils aériens jouerait, à l’égard du groupe de croiseurs submersibles, dont l’horizon restera toujours borné, le rôle de rapides « découvertes » et d’éclaireurs à grande distance. Il est vrai que les observateurs du convoi, ou plutôt des navires d’escorte placés en pointe d’avant-garde, ne tarderaient pas à reconnaître les indiscrets que révélerait tout d’abord le bruit de leurs moteurs ; mais il ne suffit pas d’être prévenu de l’imminence du péril, il faut encore savoir d’où il viendra et comment il se présentera. L’avantage, pour les grands sous-marins, d’avoir tout le temps nécessaire pour concerter leurs combinaisons tactiques l’emporte sur l’inconvénient d’avoir affaire à des adversaires prévenus d’une attaque prochaine, d’autant mieux que toutes les dispositions de combat seront toujours prises dans un convoi militairement escorté.

Observons d’ailleurs qu’une fois le contact pris et l’engagement commencé, les hydravions auxiliaires des sous-marins y joueront un rôle efficace en laissant tomber leurs bombes sur les bâtimens du convoi et même, s’ils peuvent descendre jusque assez près de l’eau, en mitraillant le personnel de direction de chaque unité, placé sur les passerelles.

Ce dernier point mis à part, l’attaque par les bombes des appareils aériens se préoccuperait peu des moyens fumigènes de la défense, les gaz employés en pareil cas étant généralement assez lourds.

Enfin, le combat terminé, les hydravions se rendraient à un

  1. J’ai à peine besoin de dire que je me suis renseigné auprès de techniciens compétens avant d’émettre cette proposition. Il n’y a pas d’empêchement dirimant à la réalisation pratique de la combinaison avion-grand sous-marin. Toutefois certaines conditions paraissent indispensables, entre autres le choix du type « hydravion, » au lieu de celui de l’avion ordinaire, parce qu’il faut que l’appareil « amerrisse » auprès du croiseur sous-marin (qui l’embarquera avec un appareil spécial de levage), en raison de la difficulté, à la mer, de l’atterrissage sur une surface aussi peu étendue que celle de l’arrière d’un navire de ce genre. Il paraît aussi désirable que l’appareil soit enfermé dans un compartiment facilement rendu étanche de la superstructure. Le démontage qui résulte de cette condition n’effraie pas du tout les constructeurs. Le poids envisagé pour l’appareil aérien se réduit à 1 000 ou 1 200 kilos. Un jeu de ballasts permettra toujours au croiseur sous-marin de rétablir son assiette troublée par le départ et la rentrée de l’hydravion. — Notons que la solution « cerf volant » serait insuffisante pour les opérations qui nous occupent. Il faut voir à cinquante milles au moins et non à dix. Cependant, je me hâte de le dire, ce « pis aller » rendrait encore des services au croiseur sous-marin.