Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 44.djvu/673

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Telles sont, me semble-t-il, les données générales du problème de l’application des facultés des appareils aériens à l’organisation de la zone de sécurité des grands convois américains. Reste à dire quelques mots de la coopération des navires de plongée, dans ce cas particulier, avec les navires de surface et les aéroplanes, avec ces derniers surtout.

On sait, d’une manière générale, — et je le rappelais implicitement en proposant l’avion satellite immédiat du sous-marin, le « pilote » du requin qui se trouverait être un poisson volant, — on sait, dis-je, qu’une étroite solidarité peut s’établir entre navire de plongée et appareil aérien, qui nous apparaissent plutôt en ce moment comme foncièrement antagonistes. L’éminent amiral Percy Scott l’avait dit prophétiquement à la fin de 1913, lorsqu’il avait donné au Times la retentissante interview qui sonna le premier glas des engins et des méthodes de guerre de l’ancienne marine : « ... Des escadrilles combinées de sous-marins et d’aéroplanes chasseront vos « dreadnoughts » de la mer du Nord, » etc. [1].

Or, ne peut-on concevoir cette solidarité, cette combinaison de facultés si diverses, s’exerçant autrement qu’en vue de la destruction des grandes unités de surface, et s’exerçant au détriment même du sous-marin, aidant par exemple un submersible de taille moyenne à découvrir et combattre un submersible de grand déplacement ?

Il me semble que oui. Remarquons tout d’abord que le croiseur sous-marin de 2 500 tonneaux qui fait le principal objet de nos réflexions, ici, est déjà un navire de fortes dimensions qui, s’il veut pouvoir prolonger sa croisière de manière à fournir un rendement avantageux, doit naviguer presque toujours en surface, n’usant de la plongée que pour sa dernière marche d’approche et dans le cas seulement où il estime que le combat d’artillerie ne lui serait pas favorable. Ce navire est donc, le plus souvent, justiciable de l’attaque d’un autre sous-marin par la torpille, à la seule condition que ce dernier puisse se placer sur sa route abonne portée sans avoir été aperçu. C’est une chance, d’ailleurs, sur laquelle il est d’autant plus raisonnable de compter que le grand submersible, eût-il même plus

  1. Je n’ai pas besoin de dire qu’il s’agissait des dreadnoughts d’alors, non pourvus des moyens de défense contre la torpille et les mines qu’ils possèdent aujourd’hui.