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civils, la réception et l’installation des rapatriés dans des abris provisoires ou définitifs, le soulagement de tous ceux qui souffrent des maux de la grande guerre. L’aide fraternelle de nos alliés d’outre-mer a pris des formes diverses, des aspects multiples, variés, imprévus, qu’il faut noter par une observation directe et décrire en termes précis.

Shake hand. Et, tout de suite, en route. Avec les Américains, on ne perd pas de temps, et les choses ne traînent pas.


Lassigny.

L’auto roule, à vive allure, vers Lassigny. On voit déjà, sur le terrain tourmenté comme par des convulsions volcaniques, un baraquement postal, une boite aux lettres, un facteur, humbles et véridiques témoins des relations sociales qui recommencent à unir au reste du monde les habitans des régions dévastées et raniment la civilisation dans ces parages dépeuplés. Lassigny se reprend à vivre. Mais ses habitans sont de très pauvres gens, rapatriés naguère après avoir souffert toutes sortes de tortures physiques et morales au fond des geôles d’outre-Rhin. Il faut pourvoir d’urgence à leur subsistance quotidienne, contribuer à leur entretien, les approvisionner, les ravitailler. C’est précisément de quoi s’occupe, avec l’aide cordiale de la Croix-Rouge américaine, l’association du « Village reconstitué, » qui vient d’établir un poste de secours et un centre de réception à Lassigny.

— Nous aidons cette association autant que nous le pouvons, me dit M. Green. La Croix-Rouge américaine n’entend pas se substituer aux œuvres déjà existantes. Elle entend, au contraire, les laisser se développer dans leur cadre. Ce qu’elle veut, c’est simplement les aider à perfectionner leur organisation en favorisant leur développement. Le 12 juin dernier, nos délégués débarquaient en France. Aussitôt ils établissaient leur quartier général à Paris, 4, place de la Concorde, et prenaient en mains l’organisation des secours américains. L’American National Red Cross comptait, avant la guerre, environ 286 000 adhérens. Elle en compte aujourd’hui vingt-trois millions.

Non seulement c’est une société volontaire, autorisée par le gouvernement à aider en temps de guerre le service de santé américain, mais c’est une organisation qui a les meilleurs rapports avec l’Etat, puisque le président des États-Unis est de droit