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remporté le plus de succès a été tué, un article dont la lâcheté et le mensonge discréditent un journal, et dont il importe de conserver le texte et de garder le souvenir. Avec l’article, était publié en fac-similé la carte de pilote de Guynemer :

« Le capitaine Guynemer, y est-il dit, jouissait d’une grande réputation dans l’armée française, car il déclarait avoir abattu plus de cinquante avions. Il est cependant prouvé qu’un grand nombre de ceux-ci sont rentrés à leur terrain d’atterrissage, endommagés il est vrai. Pour rendre impossible toute vérification de la part des Allemands, on n’a indiqué, pendant ces derniers mois, ni le lieu ni la date de ces prétendues victoires. Des aviateurs français prisonniers ont déclaré que sa méthode de combat était la suivante : tantôt, lorsqu’il volait comme chef d’escadrille, il laissait ses camarades attaquer tout d’abord et se précipitait ensuite sur l’adversaire reconnu le plus faible ; tantôt il volait seul pendant des heures, à une très grande hauteur, en arrière du front français, et se jetait par surprise sur les avions allemands d’observation isolés. Si sa première attaque ne réussissait pas, Guynemer rompait immédiatement le combat. Il n’aimait pas à s’engager dans un de ces combats de longue haleine, au cours desquels il faut vraiment faire preuve de courage[1]. »

Telle est cette ordure déposée dans un journal allemand. Malgré sa puanteur, il faut se résigner à l’analyser. Les injures d’un ennemi révèlent son caractère. Ici, rien ne manque : ni la négation contre l’évidence des cinquante-trois victoires contrôlées de Guynemer, et si sévèrement contrôlées que nos exigences, comme à Dorme, lui ont supprimé un bon tiers de

  1. Der erfolgreichste französische Kampfflieger gefallen.

    Kapitän Guynemer genoss grossen Ruhm im französischen Heere, da er 50 Flugzeuge abgeschossen haben wollte. Von diesen ist jedoch nachgewiesenermassen eine grosse Zahl, wenn auch beschädigt, in ihre Flughäfen zurückgekert. Um deutscherseits eine Nachprüfung unmöglich zu machen, wurden in den letzten Monaten Ort und Datum seiner angeblichen Luftsiege nicht mehr angegeben. Ueber seine Kampfmethode kaben gefangene französische Flieger berichtet : Entweder liess er, als Geschwaderführer fliegend, seine Kameraden zuerst angreifen uns stürzte sich dann erst auf den schwächsten Gegner ; oder er flog stundenlang in grössten Höhe, allein hinter der französischen Front und stürzte sich von oben herab überraschend auf einzeln fliegende deutsche Beobachtungsftugzeuge. Halte Guynemer beim ersten Verstoss keinen Erfolg, so brach er das Gefecht sofort ab ; auf den länger dauernden, wahrhaft muterprobenden Kurvenkampf liess er sich nicht gern ein.

    (Extrait de la Woche du 6 octobre 1917.)