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préparatifs français, tenta deux fois de traverser les préparatifs britanniques. Le 21 mai, il attaqua à la crête de Vimy et gagna du terrain, d’ailleurs sans importance stratégique ni tactique ; plutôt que d’affaiblir l’offensive projetée en portant des troupes dans ce secteur, le commandant anglais décida de laisser leur gain aux Allemands et de fortifier une position en arrière. Le 2 juin, seconde attaque sur un front de deux kilomètres, dans la région d’Ypres, du mont Sorrel à Hooge ; l’ennemi pénétra dans les lignes britanniques, à une profondeur maximum de 700 mètres. Cette fois, sir Douglas Haig jugea nécessaire de reprendre la partie méridionale du terrain perdu ; l’opération, bien préparée et bien menée, fut exécutée le 13 juin par les troupes mêmes du secteur. Ainsi aucune de ces deux affaires ne retarda les préparatifs de l’offensive.

Ces préparatifs étaient considérables. « Il fallait établir de vastes dépôts de munitions et de ravitaillement à distance convenable du front. Pour les transporter, il fallait construire des kilomètres de chemins de fer tant à voie normale qu’à voie étroite et des tramways jusqu’aux tranchées. Toutes les routes utilisables furent améliorées, beaucoup d’autres furent créées, et de longues jetées furent établies à travers les vallées marécageuses. Beaucoup d’abris supplémentaires durent être préparés, comme refuges pour les troupes, comme ambulances pour les blessés, comme magasins pour les munitions, les vivres, l’eau, le matériel du génie. Des kilomètres de boyaux profonds durent être ouverts, ainsi que des tranchées pour les fils téléphoniques, des places d’armes, des parallèles, ainsi que des batteries et des postes d’observation. » L’aménagement d’un champ de bataille est un travail immense. Il faut ajouter les travaux de mines, dont les fourneaux furent chargés au voisinage des positions ennemies. Sur le sec plateau picard, le problème de l’eau a une importance particulière. On creusa des puits, et on établit plus de cent pompes. Il faut se représenter ces travaux interrompus par le feu de l’ennemi, gênés par le mauvais temps, exécutés par des troupes qu’il était impossible de cantonner et qui dans cet effort gardèrent un entrain au-dessus de tout éloge.

Nous avons vu que la position à -attaquer était un haut plateau ondulé, qui fait le partage des eaux entre la Somme et les rivières belges. il tombe sur la Somme par de longs éperons