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de l’or vert ; parfois la route traverse un bois, puis elle repart à travers les champs, toute poudreuse et blanche ; sur ses talus fleurissent l’achillée, le séneçon des oiseaux et le coquelicot. La vallée de la Somme fait une large dépression, touffue et sombre.


III

Le 23 décembre 1916, sir Douglas Haig adressa au secrétaire d’Etat de la guerre un rapport sur la bataille de la Somme.

« Le principe d’une campagne offensive dans l’été de 1916, écrit sir Douglas Haig, avait déjà été décidé par tous les Alliés. Les diverses variantes possibles sur le front occidental avaient été étudiées et discutées par le général Joffre et par moi, et nous étions en complet accord quant au front à attaquer par les armées françaises et britanniques combinées. »

La préparation de l’offensive était déjà avancée, que la date restait en suspens, étant déterminée elle-même par des facteurs incertains. Il était nécessaire de ne pas la reculer trop avant dans l’été ; à cette réserve près, Sir Douglas (Haig désirait la retarder autant que possible. « Les armées britanniques croissaient en nombre ; la dotation en munitions augmentait sans cesse. Ce qui plus est, une très large proportion d’hommes et d’officiers étaient encore loin d’être complètement entraînés, et plus l’attaque serait reculée, plus ils agiraient utilement. » Mais, d’autre part, les Allemands pressaient Verdun, et les Autrichiens pressaient le front italien. A la fin de mai, cette dernière pression était devenue si forte que la campagne russe dut s’ouvrir au début de juin ; tel en fut le succès qu’il se fît un mouvement de troupes allemandes d’Ouest en Est, sans toutefois que la pression sur Verdun se relâchât. Considérant la situation d’ensemble sur les théâtres de la guerre, le général Joffre et sir Douglas Haig décidèrent de ne pas différer l’offensive au delà de la fin de juin.

L’objet de l’attaque, dit le rapport, était triple : 1° dégager Verdun ; 2° assister nos alliés sur les autres théâtres de la guerre en mettant fin à tout transfert de troupes allemandes du théâtre occidental ; 3° user et détruire la forée combative des troupes qui nous étaient opposées.

L’ennemi, de même qu’il tentait à Verdun de traverser les