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la gauche reprit le mouvement en avant et enleva Biaches ; un peu à droite, l’observatoire important de la Maisonnette était enlevé le 10. La prise du fortin de Biaches, le 10 juillet, est un des faits d’armes les plus brillans de la bataille. Le capitaine Vincendon, du 164e d’infanterie, y entra seul, et avec huit hommes, il fit prisonnière une compagnie allemande avec ses officiers. On était en face de Péronne. Des hommes isolés traversèrent la vallée sur les passerelles allemandes et arrivèrent dans les faubourgs. Le lieutenant C... rencontra deux zouaves qui avaient fait une cueillette de cerises dans les jardins de Sainte-Badegonde.

Dans ces onze jours, les forces françaises avaient exécuté au Sud de la Somme une sorte d’immense rabattement en pivotant sur leur droite, vers Foucaucourt. Sorties des tranchées face à l’Est, elles faisaient maintenant un front Estrées-la Maisonnette, face au Sud-Est. Aux deux premières directions d’attaque, Bapaume et Péronne, s’en ajoutait une troisième, au Sud de Péronne, en direction générale du coude de la Somme vers Ham. Ces trois directions divergeaient en éventail, Bapaume était au Nord-Est, Péronne à l’Est, Ham au Sud-Est. Il fallait choisir. En fait, la direction du Sud-Est, après avoir été tentée plusieurs fois, finit par être abandonnée.

Les résultats de ces onze premiers jours d’offensive étaient très brillans ; les seules troupes françaises, sur 16 kilomètres du front, avaient percé les lignes ennemies sur une profondeur allant jusqu’à 10 kilomètres ; elles avaient enlevé aux Allemands 80 kilomètres carrés d’organisations de tout genre : tranchées, villages fortifiés, carrières pareilles à des forteresses, bois transformés en réduits. <(Elles ont déjà trouvé sur le champ de bataille, dit la relation, 8o canons dont plusieurs de gros calibre, une centaine de mitrailleuses, 26 minenwerfer, un matériel considérable ; et un butin impossible à évaluer demeure sur le terrain conquis. Elles ont pris 235 officiers et 12 000 hommes, et c’est le commencement de la bataille. »


HENRY BIDOU.