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l’introduire hardiment et noblement dans le monde littéraire, et je compte sur vous. Ce n’est pas une affaire d’intérêt pour lui, ni pour vous, dont je vous parle. Comme éditeur, vous êtes assez chien, mais comme homme vous êtes plus qu’un éditeur.

« Vous n’aimez pas à donner de l’argent, mais vous aimez bien répandre des idées. Vous devez vous employer à répandre ce prêtre philosophe. Il va faire sa déclaration à son archevêque, vous m’aiderez à faire insérer cette lettre, qui est un modèle de franchise et de dignité dans le plus de journaux possible… jusqu’à ce, que je vous l’envoye motus[1].

« GEORGE. »


« Je ferai pour Mallefille tout ce qu’il me sera possible de faire, » répond F. Buloz docilement, le lendemain ; « je le crois comme vous homme de talent, et je l’aiderai autant qu’il sera en moi. Quant à l’abbé que vous voulez lancer dans le monde littéraire, nous ferons ce qu’il faudra aussi, mais je crois que ce sera plus difficile ; le public est bien indifférent à ces tentatives ; pour moi je ferai d’abord ce que vous me demandez à cet égard, et je verrai les journaux où j’ai quelque influence. »

La faveur dont jouit Mallefille auprès de George Sand détermina aussi l’écrivain à le faire appuyer auprès du ministère Montalivet. J’ai retrouvé une lettre signée Mallac, écrite en réponse évidemment à une demande de F. Buloz pour Mallefille. On verra que Mallac, sachant d’où venait la recommandation, se méfiait des idées libertaires possibles.


Samedi, 10 à du soir.

« Je reçois à l’instant votre billet du 10, mon cher monsieur, je vous accorderai bien volontiers au ministère de l’Instruction publique la recommandation que vous désirez pour M. Mallefille. Mais auparavant, dites-moi si votre ami est de nos amis, et s’il ne fera pas une diatribe contre le régime pénitentiaire du mont Saint-Michel. Si son intention est de tonner contre les atrocités, les cachots, les plombs, etc. je ne peux demander au ministre de fournir les armes de guerre contre lui-même. »

Depuis quelque temps, George Sand se plaint de souffrir du foie… « Pourquoi n’allez-vous pas aux eaux ? lui écrit F.

  1. 8 décembre 1837. Inédite.