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houille, débenzolage du gaz. — Nous recevons encore, mais dans de faibles proportions, les essences de Bornéo. — Les nitrates, dont la consommation est importante, proviennent en majeure partie du Chili. On fait appel à la houille blanche et plusieurs usines se fondent pour extraire l’azote de l’air. — Les acides nitrique et sulfurique sont obtenus, le premier grâce à ces procédés nouveaux d’extraction de l’azote, le second par le traitement des eaux mères des marais salants, en France et en Tunisie. — Enfin, le chlore, base de toute industrie chimique et, plus particulièrement, de toute une série d’explosifs, est également obtenu au moyen de la houille blanche. — Les gaz et les artifices viennent encore accroître les quantités nécessaires de ces matières premières, auxquelles il faut ajouter le mercure (détonateurs, capsules), qui nous vient d’Espagne.

Le tonnage de ces importations devient considérable : ce n’est pas nous seulement qu’il faut ravitailler en poudres, en obus, en gaz, en artifices : c’est l’artillerie de la plupart des armées alliées. A toutes ces tâches la France a pourvu.


IV. — LES MATÉRIELS

Il ne suffisait pas d’alimenter en munitions nos bouches à feu des premiers mois de la guerre. Elles s’usent : il faut les remplacer. Elles sont trop peu nombreuses : il faut les multiplier.- lles tirent à trop faible distance : il faut créer des matériels nouveaux.

En premier lieu, s’est révélée une nécessité inattendue, aussitôt après la cristallisation du front : la guerre de tranchée exigeait une artillerie de tranchée. Nous possédions, pour la défense de nos places fortes en cas de siège, des mortiers lisses en bronze, lançant des bombes sphériques, qui peuvent rebondir et courir sur le sol. Nous retirons de nos arsenaux ces engins de fabrication très ancienne : la plupart remontent au temps de Louis-Philippe ; ils se tirent avec de la poudre noire, qui fait beaucoup de fumée, de sorte qu’ils sont trop facilement repérés.

Les Allemands avaient ici l’avance sur nous : au lieu de ces vieux mortiers, ils trouvèrent tout prêts dans leur matériel de siège des engins récemment construits : dès la fin de 1914, aux Éparges, nos soldats virent cheminer lourdement dans l’air, à