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Au milieu de la confusion des esprits et de la mêlée des partis éclate, comme un coup de tonnerre, la nouvelle de l’armistice bulgare. C’est le signal de la panique et de la débâcle.


LA DÉFECTION DE LA BULGARIE

Depuis quelques jours déjà, on a reçu de fâcheuses informations de Macédoine : l’armée de Salonique a attaqué avec des forces considérables, les lignes bulgares ont fléchi. Les journaux affirment qu’il ne s’agit pas là d’une opération « de grande envergure » et, que, si l’Entente vise à couper la route de Constantinople, son projet est irréalisable. D’ailleurs, le public s’intéresse médiocrement à ces affaires lointaines et, tout entier aux événements du front occidental, il se console en lisant les récits du dernier raid aérien sur Paris. Cependant on apprend à la fois que les Turcs ont subi une terrible défaite en Palestine, et que les Bulgares ont été bousculés. Enfin, le 26, parvient la nouvelle que les Bulgares ont demandé un armistice.

A Berlin, l’émotion est profonde, et il y a une panique à la Bourse. La presse de province en apporte bientôt la preuve, le trouble se répand dans tout l’empire ; chacun entrevoit les conséquences inévitables de cette catastrophe : l’Allemagne, désormais séparée de Constantinople et de l’Orient, sera réduite à ses seules forces, car fatalement la Turquie et l’Autriche vont suivre l’exemple de la Bulgarie. Quelle banqueroute politique ! quel effet moral dans le monde entier ! C’est l’isolement et l’écrasement. Le gouvernement cherche à cacher la vérité Malinof, annonce-t-il, a agi sans le consentement du tsar de Bulgarie ; la situation est déjà rétablie ; les secours militaires affluent vers le Sud ; le peuple désavoue Malinof, puis, qu’importe l’alliance bulgare ? Pendant la première année de la guerre, l’Allemagne s’est passée de la Bulgarie, elle s’en passera bien pendant la dernière. Mais au bout de deux jours, l’optimisme officiel s’évanouit. Le public est exaspéré de tant de mensonges inutiles, et les journaux ne se gênent plus pour traduire sa déception : il faut que le vieil Hertling disparaisse ; on exige des hommes nouveaux. Un instant, on se raccroche à l’espoir que l’Entente voudra imposer à la Bulgarie des conditions trop