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réfléchie de la population est pénétrée de l’idée que toutes les démarches faites l’ont été d’accord avec le haut commandement, et par conséquent se résigne au fait accompli... L’attitude calme de la population montre qu’on sait apprécier la gravité de la situation. Mais ce qui s’exprimait surtout, et particulièrement chez les femmes, c’était la joie d’une fin prochaine de la guerre. » (Neue Bädische Landeszeitung , 14 octobre.) Les pangermanistes ne désarment pas. Des groupes manifestent devant la statue de Hindenburg. A Dantzig, lecture est donnée de la note allemande à une séance du Comité de la Défense Nationale, et l’auditoire s’écrie : « Nous sommes trahis ! Jamais l’Aigle blanc ne flottera sur Dantzig ! Nous ferons plutôt sauter nous-mêmes nos maisons. A bas le gouvernement ! A bas le Reichstag ! » Mais les mauvaises nouvelles continuent d’affluer : l’Autriche se disloque, on raconte que le moral de l’armée est atteint ; les troupes se retirent entre l’Oise et l’Aisne. Et c’est avec une fiévreuse inquiétude que la foule attend la réplique de Wilson, espérant qu’elle sera conciliante : l’Allemagne a déjà fait tant de concessions !

La désillusion est terrible. La réponse du président Wilson hautaine, inflexible, et où il est exigé que l’armistice consacre la supériorité militaire de l’Entente, les reproches de barbarie à l’adresse des armées allemandes, le rappel du discours du 4 juillet qui réclamait la disparition du pouvoir impérial, autant de coups assenés à l’orgueil germanique. Le doute n’est plus possible : ce que veut Wilson, c’est faire capituler l’Allemagne ; et il est facile de prévoir quelle paix l’Entente imposera à son ennemie. « Si nous cédons de nouveau, les prochaines démarches de l’Entente, à en juger par ce que nous apprennent les discours de ses hommes d’Etat, seront probablement le désarmement de notre armée et de notre flotte, même avant les pourparlers de paix, la reddition de nos places fortes de l’Ouest, Strasbourg, Metz, Mayence, Coblence et Cologne pendant les pourparlers, l’occupation de nos principales villes jusqu’au paiement d’une indemnité de trente milliards, la cession de l’Alsace-Lorraine, de la marche de l’Est et du Slesvig-Holstein, la neutralisation de la Province rhénane ou son incorporation à la Belgique et peut-être encore cent autres choses inventées par les caprices sadiques de l’Entente... » (Dusseldorfer Nachrichten, 16 octobre.) A partir de ce moment, les Allemands