Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 49.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

évident que le manque de main-d’œuvre à prévoir en France après la guerre et nous pouvons aborder une partie plus pratique de notre travail en cherchant les moyens d’y remédier. Ces moyens se divisent aussitôt en trois catégories : meilleure organisation de la main-d’œuvre masculine ; emploi des femmes ; recrutement des étrangers. C’est dans l’ordre où je viens de les énumérer qu’on doit logiquement les aborder. Telle n’est pas toutefois, il faut commencer par le dire, la manière dont on s’y prend généralement quand on envisage des cas particuliers et non, comme nous le faisons ici, la situation générale. Un patron qui manque de personnel ne songe pas en premier lieu à adopter une méthode de travail plus scientifique. Il commence par chercher à se procurer les ouvriers qui lui manquent : soit en puisant chez un concurrent, soit en faisant appel à une profession voisine ; soit en engageant des femmes ou des étrangers. L’intérêt du pays demande que l’on procède dans l’ordre inverse, afin d’accroître la somme de travail fructueux produite par les nationaux. L’intérêt final des ouvriers et celui des patrons concordent en définitive avec l’avantage de la nation tout entière, malgré certains inconvénients immédiats, qui ont pu attirer l’attention. On trouverait un bénéfice général à le faire comprendre.


MEILLEURE UTILISATION DE LA MAIN-D’OEUVRE MASCULINE. — TAYLORISME

Pour tirer un parti complet des hommes, le premier point est de les diriger vers la profession où ils rendront le plus de services et où ils devront, dès lors, trouver, par une conséquence logique sinon toujours réalisée, le plus de bénéfices. Il faut ensuite les rendre aptes à cette profession par l’éducation et l’apprentissage, leur donner les moyens scientifiques et techniques de produire un maximum de besogne utile dans un minimum de temps, leur enseigner les méthodes par lesquelles on y parvient, leur fournir les machines nécessaires et leur montrer à en tirer parti. Il est enfin non moins indispensable de les amener à comprendre que leur intérêt personnel, confirme à celui de leur corporation, est de s’associer à tous les efforts qui améliorent le rendement. Parmi les désirs que nous venons d’exprimer, quelques-uns, le dernier surtout, dépendent, dans une certaine mesure, des pouvoirs publics et