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confinent aux côtés sociaux de la question ouvrière : je me bornerai à les indiquer. Sans vouloir aborder le terrain politique, on peut cependant mentionner que, si les hommes doivent nous manquer et seront difficiles à remplacer, il sera probablement plus ardu encore d’obtenir que les individus restants fournissent tous leur part contributive dans la tâche commune, et renoncent à perdre une partie de leurs forces en révoltes stériles. D’autres côtés de la question d’un caractère plus industriel, nous arrêteront davantage : tels sont les procédés qui tendent à soulager la fatigue humaine par une meilleure répartition des efforts, par la suppression des mouvements sans objet, par la substitution d’énergies animales ou mécaniques aux forces humaines ; en résumé, par l’application prudente et coordonnée des principes scientifiques.

Deux mots seulement sur la répartition générale des ouvriers entre les professions. Tout homme ayant le devoir absolu de travailler selon ses forces, l’idéal serait de placer chaque individu, suivant la formule anglaise, à sa « vraie place, » là où il peut fournir la meilleure qualité et la plus grande somme de labeur. Actuellement, il se perd une quantité considérable de force hum line inutilisée, ou mal utilisée, faute de direction, comme ces torrents de montagne qui dissipent la plus grande partie de leur houille blanche. Pour éviter ces erreurs d’emploi, on a pu envisager un plan de mobilisation civile, où chacun aurait son poste assigné, ainsi que les marins dans un équipage. Ce n’est pas cette solution trop germanique que nous proposerons ; en dehors de toute autre considération, nous n’avons pas une confiance suffisante dans l’administration, qui serait ainsi chargée de nous répartir. Toutefois » je ferais assez de crédit à l’Etat pour admettre que, par les renseignements dont il dispose, il peut se mettre en mesure de tracer une sorte de programme idéal, dont il poursuivra l’exécution en fournissant les moyens d’action, en créant l’enseignement, en faisant connaître et accentuant au besoin les avantages attachés aux situations les moins séduisantes ou les moins favorisées par la mode. Cela consiste à diriger doucement le torrent dans le sens de sa pente naturelle, qui est celle du bénéfice le plus élevé, en ouvrant le chemin qui y conduit.

Il est clair notamment que l’intérêt général demande le développement de notre agriculture et que l’intérêt individuel