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des savants. On a quelquefois pu combiner des règles à calcul spéciales qui, par une opération facile et destinée à devenir presque instinctive, donnent la solution immédiate du problème.

Je ne reviens pas sur l’utilité générale de développer le machinisme et d’économiser toutes les forces disponibles. Plus, au moyen du machinisme, on accroît la consommation de force par ouvrier, plus augmentent proportionnellement les bénéfices du patron et les salaires du personnel. Aux Etats-Unis, où l’on consomme en moyenne 156 pour 100 et, dans bien des cas, 200 pour 100 de force par homme contre 100 en Grande-Bretagne, les ouvriers gagnent, en même temps, beaucoup plus. C’est, en outre, le moyen unique de produire quand on n’a pas de bras. Particulièrement en agriculture, la France a le droit de compter beaucoup sur la motoculture et sur le développement des transmissions de force électriques, quoiqu’il y ait des difficultés de réalisation à prévoir avec la grande division, d’autre part si avantageuse, delà propriété française. La mécanique agricole trouvera une application tout naturellement indiquée dans les régions dévastées du front. Un projet de loi récent s’est efforcé d’encourager le labourage mécanique des terres, au moyen de primes à des sociétés qui prennent l’entreprise des labourages, avec stipulation que leur appareil labourera annuellement, pendant trois ans, au moins cent hectares de terre à ensemencer en blé.

Tous les efforts dans ce sens sont louables ; mais il ne faut pas se faire trop d’illusions sur leur résultat rapide. En premier lieu, pour que l’électricité devint d’un usage courant dans nos fermes, il faudrait une singulière vulgarisation de connaissances techniques qui, actuellement, n’ont souvent aucun représentant même dans un chef-lieu de canton. Les appareils ne suffisent pas, si nul n’est à portée immédiate pour les réparer au besoin. Pour ce qui concerne notre sujet spécial de la main-d’œuvre, on voit bien qu’on pourra supprimer quelques animaux, des charretiers et des bouviers ; mais on aura besoin de mécaniciens agricoles, qui se poseront en grands seigneurs. Je n’insiste pas et je me borne à ajouter, sur le machinisme, deux remarques générales, qui ont pour but de réagir contre une certaine parcimonie industrielle propre à l’esprit français.

Un individu, nous venons de le rappeler, doit se reposer pour fournir un bon travail. Avec une machine, l’opposé est