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modification a permis de former des ouvrières expertes en dix jours. L’emploi de tous les engins mécaniques tend, en même temps, à réduire de plus en plus la part de la fatigue musculaire.

La main-d’œuvre féminine continuera donc à rendre de grands services, en dehors même des cas où la place des femmes est depuis longtemps tout indiquée, comme le travail de bureau, l’enseignement, le commerce, la couture, le soin des malades, la ferme, etc.. Les femmes ont cependant, pour le travail corporatif, un défaut sérieux, dont on a pu observer des effets récents : c’est que, lorsque leur passion est soulevée, elles deviennent inaccessibles à tout raisonnement. La propagande défaitiste, qui s’est surtout adressée à elles pour fomenter des grèves parce qu’elles n’étaient pas exposées comme les hommes à se faire renvoyer au front, a obtenu, dans bien des cas, des succès fâcheux.


MAIN-D’ŒUVRE COLONIALE ET ÉTRANGÈRE

En améliorant par l’organisation méthodique et par le mécanisme le rendement de notre main-d’œuvre nationale, en employant le travail complémentaire des femmes, on peut retarder et réduire l’appel aux étrangers ; on ne peut le supprimer. Il va falloir nous procurer des Espagnols, des Italiens, des Polonais, des Kabyles, des Marocains, des Chinois, pour remplacer les bras français qui nous manqueront. C’est tout le problème de l’immigration qui se pose à ce propos. D’un côté, nous avons à savoir dans quelle mesure, sous quelles formes et avec quelles restrictions nous désirons introduire des étrangers sur notre sol ; d’autre part, nous aurons à nous demander où et comment, ces étrangers, nous aurons le moyen de les recruter.

Que cette immigration nous soit nécessaire, nous l’avons assez montré dans les pages précédentes. Contrairement à certaines revendications ouvrières, les immigrants ne viendront pas enlever du travail à nos concitoyens, mais, au contraire, leur permettre de développer leurs industries et, par conséquent, leur fournir l’occasion de gagner leur vie plus fructueusement. Éviter le chômage des usines est le premier moyen pour empêcher le chômage des ouvriers. L’arrivée d’étrangers