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Ceci est nouveau : ils n’avaient pas formulé encore cette accusation.

Ils ont donc constaté, sur la tour Sud[1], — jusqu’alors c’est à la tour Nord qu’ils s’en prenaient, — « des tiges, delle stanghe qui faisaient songer à des antennes, che facevano sospettare un antenna, » ou bien, « un grand appareil qui pouvait être un instrument pour la T. S. F., forse attrezi per radiotelegrafia. » En novembre, ils ont repéré « des antennes sur la tour Sud, la presenza, « dell’ antenna della torre, » puis encore en décembre ; Le 7, le 11, et le 17, ils ont vu… « le fil de fer (filo di ferro[2], qui rattachait d’une tour à l’autre, deux tiges qui avaient l’apparence d’antennes, all’ apparenza antenne ; » le 9, le 13, et le 18, leurs observateurs ont surpris de la radiographie, dans l’air, « fu scoperta la radiografia, qui, à leur sens, che a loro gindizio, ne pouvait venir que de la Cathédrale ; non poteva che venire da una torrc della Cathédrale. »

Les témoins « son pronti a giurare la loro deposizione. » Mais que peuvent-ils jurer, sinon qu’à leur sens, cela ne pouvait venir que de la Cathédrale ?

Et il y en a ainsi deux grandes pages, avec les dates, avec les heures.

Vraiment, s’ils n’avaient pas tant menti, si l’on ne savait que chez eux, en ces matières, la moralité des actes se réfère, comme tout le reste, au Deutschland über Alles, que tout ce qui sert l’Allemagne est bien et que cela seul est immoral qui serait de nature à lui nuire, on serait troublé par de telles précisions et on leur accorderait au moins une certaine bonne foi.

Mais, qu’il y ait ou non, au fond de leur conscience, de la bonne foi, il est avéré que sur les tours de Notre-Dame, il n’y avait rien, que la réalité ne répond point à leurs dires et que tout ce qu’ils affirment est objectivement faux.

Le 8 septembre 1918, le général commandant la Ve armée, à qui le cardinal avait communiqué une note analogue du Grand Quartier allemand, datée du 9 juillet, où l’accusation

  1. Depuis avril 1917, je l’ai constaté de mes propres yeux, et le colonel Feyler en a fait la remarque dans le procès-verbal de son enquête, le 3 avril 1918, l’escalier supérieur, dans l’une et l’autre tour, est démoli de telle façon, dans de telles proportions, qu’on peut dire que le sommet est inaccessible.
  2. Les services de T. S. F. militaire emploient un fil d’antenne de 1 millimètre et demi et il est invraisemblable qu’une lunette puisse le percevoir à 6 ou 7 kilomètres. La photographie aérienne ne le décèle même pas à 500 mètres.