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Cependant, spontanément, semble-t-il, peut-être d’accord avec Coussy, Macirone, le 12 juillet, a écrit, au nom du Roi, a Lord Castlereagh, pour demander un asile en Angleterre. Le même jour, Murat a adressé son aide de camp, le général Rossetti, à Lord Exmouth, dont la flotte est entrée dans le port de Marseille. Il a donné pour instruction à Rossetti : « Demander que le Roi soit reçu à bord d’un bâtiment anglais et conduit en Angleterre ; assurance formelle qu’il jouira d’une pleine liberté et de la faculté d’habiter une ville des trois royaumes (Londres excepté). Le Roi s’engagera à y vivre en simple particulier, et avec un très petit nombre de ses amis. » Lord Exmouth, que Rossetti peut atteindre le 13 au matin, consent bien à recevoir le Roi à bord d’un des navires de son escadre, mais sans aucune garantie : il demandera les ordres de son gouvernement lorsque le Roi sera à son bord. Rossetti répond que, sans l’assurance d’une liberté pleine et entière, le Roi ne se livrera pas aux Anglais ; que d’ailleurs il a lieu de croire que l’empereur d’Autriche accordera des conditions plus avantageuses : connaissant les répugnances de Murat, il espère ainsi monter l’enchère.

Aussi bien, est-il en droit de le faire ; le 14, arrive à Plaisance le valet de chambre Armand, expédié par Coussy, et porteur des dépêches de Fouché. Fouché, muni de l’autorisation donnée le 5 par Murat de négocier avec Metternich, annonce que l’empereur d’Autriche consent à offrir un asile dans ses États au Roi, pourvu qu’il abdique et qu’il consente à accepter un titre modeste ; Fouché ajoute qu’il attend l’autorisation de signer cette convention avec M. de Metternich.

Mais Murat s’obstine à ne point abdiquer, à ne point se rendre en Autriche ; il veut l’Angleterre dans les conditions qu’il a posées, et, cela, malgré Lord Exmouth et malgré Wellington. Aussi, ce même jour écrit-il à Brune : « Je le serais obligé si tu voulais m’envoyer l’ordre au contre-amiral Duperré de me donner des moyens de transport pour moi et mes officiers sur un bâtiment de l’État, ainsi que tu me l’as promis : cet amiral m’a déclaré qu’il n’attendait que cet ordre pour l’exécuter. »

Où irait-il, sinon en Angleterre ? Au surplus, loin d’accepter, le 15, comme on l’a prétendu, les offres de l’Autriche, c’est pour Wellington qu’il rédige une lettre dont il attend un