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Coussy une lettre par laquelle il rendait compte au Roi de ses démarches, et réclamait de l’argent. Le même jour, Coussy expédia Gruchet avec cette lettre et une autre qu’il écrivait au Roi relativement à ses propriétés.


Dans l’intervalle, la face des choses avait entièrement changé, et, loin de continuer à être protégé par les agents du gouvernement, Murat allait être traqué par eux. À Paris, Decazes, préfet de police, avait ouvert les hostilités contre Fouché, ministre de la police et, en apparence, chef du gouvernement. Vitrolles, encore à Paris, appuyait Decazes en attendant qu’il revînt à Toulouse administrer la principauté de Mgr le Duc d’Angoulême. Appelé par le Comité royaliste de Marseille, promu lieutenant-général et investi par le Duc d’Angoulême du commandement de la division militaire, le marquis de Rivière remplaçait Brune, et l’on ne pouvait que craindre ses préjugés et son entourage. Enfin, un nommé Martelli, fils peut-être d’un Martelli qui avait accompagné Bacciochi à Lucques, était envoyé à Toulon pour remplacer Joliclerc en qualité de lieutenant provisoire de police. Martelli « s’occupait tout le long de la route de ses fonctions, ce qui le mit dans le cas, écrit-il, de faire arrêter divers personnages, entre autres le sieur Gruchet, aide de camp du général Belliard. » Il saisit les dépêches dont Gruchet était porteur : « Elles étaient renfermées dans un tuyau de fer-blanc, et dans un étui adroitement caché dans un saucisson de Bologne. » Arrêté à Cuges, Gruchet est transféré à Marseille, près de M. Caire, lieutenant provisoire de police, et ses dépêches sont transmises à Decazes, lequel n’a garde d’en référer à Fouché. Comme elles sont signées de Macirone et de Coussy, Decazes fait appréhender les signataires ; on perquisitionne à leurs domiciles et l’on enlève leurs papiers. Quant à Gruchet, conduit à Marseille, il y est étroitement gardé jusqu’au mois d’octobre, où « il eut sa liberté par ordre supérieur avec injonction de se rendre à Besançon, » son lieu de naissance.

En même temps, le neveu de Murat, Bonafous et sa nièce, la duchesse de Coregliano, qui se rendent à Cahors, sont, par le zèle du même Martelli, arrêtés dans les lignes pendant les marches et contre-marches des troupes françaises et anglaises.