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que la 9e division a si bien défendu au Nord-Est. Il faut donner l’ordre de l’évacuer. Les derniers éléments du 57e régiment ne le quilleront que le 26 à une heure du malin, à la lueur dos incendies, tandis que le 144e régiment gardera le canal en construction le long de la ligne Beaurains-Sermaize et que le 123e tiendra le couloir entre la montagne de Porquericourt et le canal.

Cette magnifique défense de Noyon a permis le repli en bon ordre et le rétablissement au Sud de l’Oise sur la ligne (de l’Ouest à l’Est) : Roye-Avricourt-Candor-Lagny-Germaine-montagne de Porquericourt-Mont Renaud-Pont-l’Evêque-lisières Nord du bois de Carlepont-Pontoise-Varesnes. Et nos troupes, mélangées d’opiniâtres unités anglaises qui, depuis le 21 mars, n’ont pas cessé de combattre, vont recevoir de l’aide. La 77e division débarque, dès le 26 au matin, et s’organise sur le front Ribécourt-Loermont-le-Piémont-Canny-sur-Matz en utilisant d’anciens travaux de défense. La résistance épuisante qu’a rencontrée l’ennemi de ce côté a-t-elle rejeté son effort plus à l’Ouest ? Il échoue, le 26, dans son attaque sur le mont Renaud et la montagne de Porquericourt, mais au Nord-Ouest il encercle, il presse Roye qui brûle, et à midi, le 26, il en débouche, bousculant nos 22e et 62e divisions qui se replient, l’une sur Popincourt-Beuvraignes, l’autre sur Fresnières et la ferme de la Malmaison. Divisions surmenées qui ont à défendre un champ trop étendu et ne peuvent que reculer en ordre pour ne pas être coupées. La 62e a reçu le secours d’une brigade de cavalerie britannique, 500 chevaux aux ordres du général Pilman : ces cavaliers superbes attaquent et reprennent le bois des Essarts et la côte 160. Le terrain très vallonné permet les résistances heureuses, mais les manœuvres du nombre les tournent. On se bat sur la hauteur du Moulin Ruiné qui domine Lagny : le 46e régiment s’y maintient jusqu’au soir et son chef, le lieutenant-colonel Peyrotte, un fusil en main, donne l’exemple. Mais le soir, c’est encore le repli, que protègent les cavaliers britanniques, sur Lassigny que le 31e régiment trouve déjà occupé par l’ennemi, sur la Divette et Cuy où le 144e et le 46e arrivent exténués. Mais ces visages harassés se détendent, ces bouches sèches se retiennent de crier de joie, ces yeux brûlés rayonnent, car les fantassins tout dispos de la 77e division les reçoivent : ils tiennent le Plessis-de-Roye et le Piémont, ils tiennent la