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suivra la bataille avant d’y prendre une part directe. Cependant il a plu dans la nuit du 29 au 30, et le 30 au matin le temps est couvert, peu favorable aux réglages. Il pleuvra dans la journée : une pluie fine et intermittente. Le parc devient marécage, et les anciennes tranchées se remplissent de boue et d’eau. Les compagnies du 4e régiment du génie ont réparé hâtivement nos défenses, avant de se mettre spontanément à la disposition de l’infanterie au moment de l’assaut et de combattre avec elle jusqu’à l’épuisement de leurs munitions et au corps à corps.

À partir de six heures du matin, le tir ennemi, très ralenti au cours de la nuit, commence à prendre plus d’intensité. À sept heures, sa puissance fait pressentir l’attaque. Il vise principalement la hauteur du Piémont, le village, le parc et le château du Plessis-de-Roye, Gury et les arrières, Orvillers-Sorel, les châteaux et les bois de Sorel et de Séchelles. Sous le ciel gris et bas, le château du Plessis à la robuste maçonnerie semble se rassembler, se resserrer pour mieux subir l’avalanche : il en a déjà tant subi et il tient toujours, et, malgré ses blessures mortelles, il garde encore un aspect architectural. Le village s’écroule un peu plus, ajoutant les poutres des baraques aux pierres des maisons. Dans le parc, les obus s’enfoncent avec un bruit mou.

À sept heures et demie enfin, les 66e et 72e régiments de la 7e division allemande de réserve, le 66e à la droite, plus directement sur le Plessis, le 72e à la gauche, en partie face au Piémont, et en liaison avec la 103e division, quittent les vieilles tranchées où ils se sont abrités et s’avancent par le bois des Lavandières, entre la route de Lassigny à Compiègne et la route de Lassigny au Plessis, entre celle-ci et la route de Gury. Le barrage roulant qui les précède n’est pas très dense. Nos observateurs, du bois de la Réserve et du Piémont, distinguent nettement la marche en avant ; les appels de notre 97e ont été entendus. Les batteries anglaises et françaises écrasent l’assaillant. Ses vagues successives, par deux compagnies accolées, offrent des buts faciles aux canons et aux mitrailleuses. Prises sous notre feu, les premières de ces vagues ont éprouvé de lourdes perles dès le début de la progression. Celles-ci se couchent et s’arrêtent. Beaucoup d’officiers sont tombés. Les commandants de 1er et 2e bataillons du 66e ont été blessés : deux sous-lieutenants de