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réserve ont pris leur commandement, car les compagnies de tête, toutes à effectifs pleins (150 hommes), ont pour la plupart perdu leurs officiers. Cependant, les bataillons de réserve des deux régiments engagés se rapprochent, serrent les intervalles. Et le 36e régiment qui est derrière se prépare à engager sans retard ses trois bataillons. La progression se poursuit, confuse, puis mieux réglée. « De petites colonnes souples oscillent et se déplacent des zones battues aux zones privées de feux et derrière ces petites colonnes des lignes de section par quatre[1]. » Artilleurs et mitrailleurs ont beau se multiplier sur de telles cibles, le champ est trop étendu pour battre tout le terrain. Et la manœuvre allemande se développe avec agilité. « Les fantassins allemands, convaincus de n’avoir devant eux que des troupes désorganisées, poussent de l’avant avec orgueil, avec courage. Dos groupes discernent les cheminements mal battus, s’infiltrent par les boyaux à l’Ouest du village, par le vallon marécageux de la Liquette, se rassemblent dans les angles morts, ruissellent à la jonction des deux bataillons (du 97e dont ils tuent le poste mixte, se répandent par l’Est dans le village[2]. » L’insolent ennemi, malgré ses pertes, a passé, et il est soutenu par ses forces en réserve.

C’est notre 97e régiment, mûri, trempé, bronzé par Arras et Verdun, qui tient le secteur du Plessis-de-Roye. Comme en octobre 1914, à Arras, il est jeté devant l’invasion. Les combats de Picardie lui ont valu sa glorieuse citation, si lente à venir, du 25 octobre 1915 :

« Régiment alpin qui, sous le commandement du lieutenant-colonel de Combarieu, a fait continuellement preuve d’une solidité et d’un dévouement à toute épreuve. S’est dépensé sans compter, soit dans les débuts de la campagne, soit dans les attaques du mai, du 16 juin, du 25 septembre et jours suivants, pour faire brèche dans les lignes ennemies ; y a réussi pleinement, en s’emparant de plusieurs tranchées puissamment défendues, et en progressant sur un terrain difficile et minutieusement défendu par l’ennemi. » Cette fois, il est préposé à la garde de l’Ile-de-France. Un peu à l’Est de la Porte Rouge, sur la route de Lassigny à Compiègne, il se relie au 159e régiment chargé de la défense du Piémont. Sa ligne suit les lisières Nord du village,

  1. Rapport de la 77e division.
  2. Id.