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un ennemi trop nombreux qui les débordait, mirent hors de service tout leur matériel ; le soldat Collave, fusilier d’élite, qui resta à son poste sous un ouragan de feu, tirant tout seul, sans rompre d’une semelle ; le caporal Faure, chef de pièce, qui, ne pouvant plus alimenter sa mitrailleuse, organisa la résistance au mousqueton sur la position envahie ; le soldat Peyronnet qui ne se contenta pas de ses périlleuses missions de coureur, mais se porta à découvert au secours d’un camarade blessé, le pansa sous le feu et le ramena dans nos lignes ; le sergent Moine qui pendant trois heures maintint en place sa demi-section et se fit tuer plutôt que de reculer ; et le soldat Perretti, et Vedoni, et le sergent Laverrière, et tous les morts et tous les vivants dont la gloire anonyme.se donne au régiment…

L’ennemi gardera-t-il sa conquête, ce château, ce parc, ce village qui, si longtemps, furent la frontière de l’Ile-de-France, le promontoire contre lequel les vagues ennemies se brisaient ? L’ancienne demeure des Condé, à demi fracassée mais toujours debout, va-t-elle connaître la honte de servir de poste à quelque officier allemand ? Mais pour contre-attaquer et manœuvrer, pouvons-nous, à l’Est, nous appuyer au Piémont ?


HENRY BORDEAUX.