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FINANCES DE PAIX


I

L’heure est grave. Soyons dignes de nous-mêmes, Nous avons remporté la plus belle et la plus difficile des victoires sur un adversaire redoutable ; sachons rester calmes dans le triomphe et songeons aux devoirs de la paix, après avoir si merveilleusement rempli ceux de la guerre. Or, voici qu’éclate un danger dont il serait puéril de nier la gravité. Notre gouvernement auquel, sous l’empire des plus purs sentiments de patriotisme, ni le Parlement ni le pays n’ont marchandé les milliards nécessaires à la Défense nationale, ne semble pas encore conformer ses actes économiques au nouvel état de choses : un armistice a cependant été signé le 11 novembre 1918, les préliminaires de paix sont sur le point de l’être et des négociations s’ouvriront aussitôt après, en vue de l’élaboration du traité définitif qui consacrera les transformations mondiales nées d’une lutte épique. Il est bien évident qu’il ne saurait être question de licencier nos armées. Nous avons encore des tâches considérables à accomplir, ne fut-ce que celle de l’occupation d’une partie de l’Allemagne, qui doit servir de gage aux réparations qui nous sont dues ; mais nous ne sommes plus à l’heure du conflit gigantesque qui, sur tous les fronts, exigeait un effort ininterrompu, une accumulation sans cesse renouvelée d’armes, de munitions, d’avions, de vivres, de transports d’hommes, de chevaux, de matériel. Il convient de regarder en face la situation présente et de nous pénétrer de cette vérité que la tâche d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier. Jusqu’à ce que l’ennemi eût mis bas les armes, nous n’avions qu’un seul but ; comme le disait éloquemment M, Clemenceau, nous faisions la